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Intervention de Nicolas Dhuicq

Réunion du 25 mai 2011 à 21h30
Bioéthique — Article 20 bis

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dhuicq :

Tout à l'heure, j'ai évoqué les mécanismes de déni qui sont à l'oeuvre dans les psychoses, en particulier le déni de la différence des sexes, qui me semble être l'un des éléments sous-jacents de l'article précédent.

Revenons au père absent. Le père a cette particularité d'être présent s'il existe dans la parole de la mère. Un père qui serait présent physiquement mais qui ne le serait pas dans la parole de la mère ne pourrait pas exercer sa fonction, celle-ci étant au départ séparatrice, en fonction du nom, de la séparation de la dyade.

C'est vrai que la plasticité humaine, la capacité d'adaptation d'un enfant peut lui permettre d'affronter toutes les épreuves de la vie. D'ailleurs, nous ne sommes pas forcément égaux face à ces épreuves auxquelles nous réagissons en fonction d'éléments qui peuvent être biologiques, culturels, éducatifs ou autres.

S'agissant de l'enfant, la question posée est la suivante : quelle est la scène primitive qui lui permettra de se construire dans sa vie, alors qu'il aura été implanté en tant qu'embryon dans le ventre de sa mère des mois après la mort du père ? Quelle sera la scène primitive que l'enfant portera en lui et qui lui permettra de devenir un adulte plein et entier avec toutes ses potentialités, ses capacités pour affronter les inéluctables frustrations et difficultés d'une vie d'homme ? Telle est la question.

Il n'est pas anodin de se référer à ces notions de temps. Il est très différent d'implanter un embryon quand le père est vivant ou de le faire quand le père est mort. Cela nous ramène à la question que je pose, qui n'est pas anodine et qui apparaît en consultation. Tout à l'heure, j'évoquais ces enfants conçus in vitro qui dessinent des ballons, possibles représentations symboliques des foetus qui ont été supprimés.

Notre rôle n'est pas de faire en sorte que nous vivions dans une bulle protectrice mais de faire en sorte que les adultes à venir aient dès le départ toutes les chances possibles pour se développer. Cette question n'est pas anodine, et Jean Dionis du Séjour le rappelait avec ses mots. Nous sommes en train d'oublier l'enfant et le rôle du père en nous fixant sur une empathie envers un seul des acteurs.

Le terme de prolongation qui a aussi été employé renvoie bien à un désir d'immortalité alors que notre rôle n'est pas de prolonger une vie. Il y a trois vies : l'une qui s'est interrompue, une autre qui est à venir et une autre qui existe, celle de la mère.

S'agissant du travail de deuil, comment pourrait-on le chiffrer aussi précisément en moi ? Cela ne ressemble à rien. Pensons à l'enfant à venir.

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