Monsieur le président, monsieur le rapporteur, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, nous sommes rassemblés ce matin pour examiner le projet de loi relatif au maintien en fonction, au-delà de la limite d'âge, de fonctionnaires nommés dans des emplois à la décision du Gouvernement – et non pour dresser le bilan d'un préfet, monsieur Derosier.
Ce projet de loi suscitant des incompréhensions, des polémiques et de la désinformation, je veux, en tant qu'élu de Seine-Saint-Denis, témoigner de la réalité des choses dans ce département où le préfet dont il a été question est en fonction. Je n'évoquerai donc pas les six cents hauts fonctionnaires, ambassadeurs ou directeurs d'administration centrale potentiellement concernés ni n'invoquerai les mânes du président Mitterrand, qui avait décidé de se représenter à l'âge de soixante et onze ans.
Ce texte devait être examiné selon la procédure accélérée et n'être qu'une simple formalité. Mais nos collègues de l'opposition, usant du double langage – votre faible nombre aujourd'hui en séance en témoigne – et d'une certaine duplicité, en ont fait un enjeu politique de polémiques regrettables.
Monsieur Derosier, vous aviez, dans le Nord, un excellent préfet, M. Bérard. Je le connais : tout le monde loue ses capacités. C'est ce que l'on appelle l'esprit républicain. Un préfet représente, non pas la majorité gouvernementale, mais l'État. M. Lambert, quant à lui, a été nommé préfet de la Seine-Saint-Denis il y a un an. Ce haut fonctionnaire, qui atteindra très prochainement la limite d'âge, anime, depuis, notre département et prouve quotidiennement son ouverture au dialogue avec tous les élus. Christian Lambert, qui réunit aujourd'hui, les élus de gauche et de droite de Seine-Saint-Denis pour évoquer le problème des radars – avec mon collègue Gérard Gaudron, nous avons donc souhaité nous répartir les tâches – est un grand préfet républicain.
J'en veux pour preuve, monsieur Dolez, les déclarations de notre collègue François Asensi, qui s'est félicité de « l'arrivée d'un super-flic » et a salué « l'expérience du nouveau préfet ». M. Asensi, dois-je le rappeler, est communiste – hélas, il est absent aujourd'hui. Je veux aussi rappeler les propos de notre collègue Claude Bartolone, président socialiste du conseil général de Seine-Saint-Denis, qui estime que « le personnage est sympathique » et qu'il a « établi un contact de qualité, franc, avec les élus du département ». Nous devons être – et l'opposition l'oublie trop souvent actuellement – cohérents : on ne peut pas tresser des lauriers au préfet Lambert en Seine-Saint-Denis et le jeter aux orties à l'Assemblée nationale.
L'objectif de ce projet de loi est simple et relève du bon sens. Il s'agit de maintenir en poste certains hauts fonctionnaires qui ont atteint la limite d'âge, afin qu'ils puissent continuer de mener leur action quand les circonstances l'exigent. Or, la Seine-Saint-Denis n'est-elle pas l'exemple même d'un département où les circonstances exigent que soit assurée avec force et pugnacité la continuité de l'action publique ? Pour évoquer ce dossier, l'opposition a commis d'office deux députés du Nord. Mais passons…
La situation de notre département, Jean Pierre Brard, autre collègue communiste, l'a évoquée dans la presse et, pour une fois, je me range à ses côtés. Comme il l'a en effet rappelé à juste titre, « à peine le préfet est-il arrivé, a-t-il appris à connaître le département, compris la spécificité de chaque ville, connu les interlocuteurs dans leur diversité, maîtrisé leur complexité, qu'il est retiré de notre département ». Il ne parlait pas du préfet Lambert, mais de son prédécesseur. En dix ans, la Seine-Saint-Denis a en effet connu six préfets ; la population de ce département mérite un tout autre traitement.
Ce projet de loi est donc une chance. De gauche comme de droite, nous savons tous que ce département si particulier a besoin de continuité.
Continuité du travail entamé par un homme engagé à chaque instant, jour et nuit, sur le terrain et qui élabore des stratégies de reconquête républicaine des quartiers difficiles au profit des habitants qui souffrent de la délinquance.
Continuité d'un bilan : il y a un an, les policiers n'allaient pas dans certains quartiers ; aujourd'hui, ils vont partout.
Continuité des résultats : en un an, près de 40 000 personnes ont été interpellées, dont près de 9 000 pour trafic de stupéfiants, plus de 19 000 halls d'immeuble ont été contrôlés et plus d'une tonne de résine de cannabis et 663 kg de cocaïne ont été saisis. Dans votre bilan, cher collègue Dolez, vous n'avez pas mentionné ces chiffres.
Il s'agit de mener la lutte contre l'insécurité que nous réclame au quotidien la très grande majorité des habitants de ce département. Le préfet Lambert l'a bien compris : il agit et nous commençons à voir les premiers résultats. Alors, à ceux qui parlent d'arrangements, de texte ad hominem, je suggère de regarder la réalité en face plutôt que de critiquer, car les résultats sont là.
A l'occasion de ce vote, les députés de Seine-Saint-Denis de l'opposition doivent clarifier leur position – hélas, ils ne sont pas présents –, car ils laissent penser, en refusant de le maintenir à son poste de préfet de Seine-Saint-Denis au-delà du 6 juin prochain, que les élus communistes et socialistes seraient hostiles à l'action du préfet Lambert.
Du reste, la gauche n'a-t-elle pas fait voter, en 1984, un texte modifiant la limite d'âge dans la fonction publique et le secteur public, notamment pour les professeurs d'université ? Il est vrai que ces derniers étaient au nombre de dix-sept dans les rangs de la majorité de l'époque. N'est-ce pas la gauche qui a donné la possibilité aux professeurs d'université de poursuivre leur activité jusqu'à trois au-delà de la limite d'âge attachée à leur grade ? Pourquoi, d'un côté, offrirait-on cette possibilité aux enseignants-chercheurs et, de l'autre, pénaliserait-on, notamment dans mon département, des hauts fonctionnaires soucieux de poursuivre leurs efforts et d'obtenir des résultats ?
Chers collègues de l'opposition, depuis une quinzaine de jours, nous avons le sentiment, à droite, de découvrir une gauche « hara-kiri », bête et méchante, pour qui s'opposer, c'est toujours dénigrer. Pour notre part, mes collègues UMP de Seine-Saint-Denis, Patrice Calméjane et Gérard Gaudron, et moi-même voterons bien évidemment ce projet de loi.
Enfin, je ne veux pas parler au nom des autres, mais, puisque la droite sait se rassembler en cas de difficultés, je veux ajouter une chose, monsieur le secrétaire d'État. Au moment où vous êtes, vous aussi, dénigré, injurié, sali, je tiens à vous assurer, au nom de nos collègues de l'UMP, de toute notre solidarité face aux attaques dont vous faites l'objet. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)