Monsieur le Premier ministre, il ne se passe pas une seule séance de questions d'actualité sans que nous ne dénoncions les conséquences catastrophiques des coupes drastiques que vous effectuez dans le secteur public : à l'éducation nationale, les non-remplacements des enseignants absents dans le primaire ou le secondaire s'ajoutent à la baisse des dotations horaires globales alors que nous devons faire face à une augmentation des effectifs, et je salue d'ailleurs la mobilisation très active des parents d'élèves, aujourd'hui et jeudi ; dans le secteur de la santé, le droit, pourtant fondamental, d'accès aux soins de tous est rendu inaccessible, les erreurs, les accidents y sont quotidiens, et malheureusement dramatiques pour certains d'entre eux, comme la semaine dernière à Lille ou à Montauban ; dans le domaine de la justice, il n'est plus rare de voir magistrats et avocats s'associer pour demander plus de moyens afin d'exercer leur métier de façon décente. Le tableau serait incomplet si on n'y intégrait pas les attentes interminables aux guichets des allocations familiales et à Pôle Emploi, où certains bureaux doivent fermer leur accès au public des semaines entières pour pouvoir résorber leurs retards.
La RGPP, les suppressions systématiques de postes et le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, donc des personnels pressurés, risquent d'avoir raison de l'intérêt général de notre société et de notre pays. Ces mesures politiques favorisent les clivages savamment construits et les discriminations, entre autres territoriales, comme l'a justement relevé la HALDE dans une de ses récentes délibérations. Les dysfonctionnements qu'entraînent de telles décisions portent en effet directement atteinte à la vie quotidienne de nos concitoyens.
Ma question ne porte donc pas, monsieur le Premier ministre, sur ce que vous comptez faire pour que les missions de service public soient enfin respectées – nous avons cessé d'y croire ! –, mais plutôt sur la date à laquelle vous allez mettre fin à cette casse systématique afin que le prochain gouvernement n'hérite pas d'un service public profondément sinistré ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs du groupe SRC.)