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Intervention de André Vézinhet

Réunion du 10 mai 2011 à 21h30
Interdiction de la fracturation hydraulique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Vézinhet :

Monsieur le président, madame la ministre, chers collègues, si je prends la parole à l'occasion de cette proposition de loi, c'est certes en ma qualité de membre de la commission du développement durable, saisie au fond avant présentation devant l'Assemblée, mais également comme président du conseil général de l'Hérault, département directement concerné. Je le fais aussi au nom de mes amis avec lesquels je mène une action commune et convergente pour que cessent les risques prévisibles liés à la recherche des gaz et des huiles de schiste. Ainsi les territoires de la Drôme, de l'Ardèche, du Gard, du Vaucluse et de l'Hérault ont fait connaître, par leurs assemblées départementales et au plan national, leur opposition. Je m'exprime également au nom de mon ami et collègue Kléber Mesquida, député de l'Hérault comme moi.

Le temps qui m'est accordé dans ce débat étant très bref, je voudrais évoquer une crainte majeure dont peu de commentaires ont fait mention jusqu'ici. Il s'agit du risque encouru par les réseaux hydrogéologiques si denses et si fragiles des eaux profondes contenues dans le sous-sol de nos départements du sud de la France.

Si, en période estivale, nombre de nos rivières s'assèchent, les eaux ne disparaissent pas pour autant. Par un système de collecte très complexe et souvent méconnu, l'eau est conduite jusqu'à des réserves dans lesquelles elle est stockée et ainsi préservée du phénomène d'évaporation qui sévit en surface. Ces eaux profondes, parfois très abondantes, constituent une réserve de toute première qualité, souvent même directement exploitable pour la consommation humaine. C'est dire si elles sont précieuses et l'obligation où nous nous trouvons de les préserver de toute atteinte.

On a beaucoup parlé dans ce débat du risque qui menace les nappes phréatiques, qui seraient les principales pourvoyeuses d'eau pour la fracturation hydraulique nécessaire à l'extraction d'hydrocarbures. Mais on n'a quasiment jamais évoqué les réseaux karstiques et cet aquifère, le karst noyé, ressource inestimable pouvant répondre aux besoins pour un avenir dont on sait qu'il se traduira par des pénuries sensibles dans nos territoires du sud de la France. La sécheresse qui sévit actuellement nous rappelle cruellement cette terrible vérité. Destruction des réseaux, pollution, conséquences sur le niveau de nos cours d'eau ne sont qu'une énumération très restrictive d'un dégât que nous n'avons pas le droit de faire subir à nos populations.

Pour clore mon intervention, il me faut souligner une incohérence majeure par rapport à la proposition de loi dont nous sommes saisis.

En effet, comme vice-président d'une association créée pour proposer le classement au patrimoine mondial de l'humanité d'un territoire dénommé « Causses et Cévennes », je me trouve, avec son président Jean Puech, ancien ministre de l'agriculture, devant la pire des incohérences. Notre dossier est prêt. L'UNESCO le recevra et se prononcera au mois de juin prochain. Mme Rama Yade est convaincue de sa pertinence.

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