Comme l'a souligné en notre nom mon ami Marc Dolez lors de son intervention, le projet de programme de stabilité que vous nous proposez aujourd'hui s'inscrit dans le droit fil du pacte pour l'euro, pacte dont l'unique objectif est en réalité de présenter la facture de la crise aux salariés, aux fonctionnaires, aux retraités et aux bénéficiaires de prestations sociales. Le pacte pour l'euro est un pacte contre l'Europe sociale. C'est la mise sous tutelle des peuples à grande échelle.
La crise, dont vous êtes co-responsables, vous sert aujourd'hui de prétexte pour imposer votre politique d'austérité et faire passer plus facilement les réformes néolibérales qui vont engendrer des reculs sociaux gigantesques.
Vous vous attaquez aux symptômes de la crise, à ses effets sur les finances publiques, mais en faisant savamment l'impasse sur les responsabilités et les fondements de cette crise que sont la hausse des inégalités et la dégradation du partage des richesses à l'avantage des revenus financiers.
Vous n'avez d'autre ambition pour notre pays que de réaliser les objectifs d'équilibre budgétaire, en épargnant bien sûr les amis du Fouquet's.
Vous sacrifiez notre administration et nos services publics, quitte à mettre l'ensemble des salariés au régime sec, en « contenant », comme vous dites, le coût du travail.
Conformément aux exigences de l'OCDE, de la Commission européenne et des agences de notation, vous ne visez qu'à accroître la flexibilité du travail et du marché de l'emploi, qu'à démanteler les protections contre les licenciements et à remettre en cause l'indexation des salaires. Vous nous proposez comme modèle l'Allemagne, où le secteur des bas salaires représentera bientôt le quart du salariat. Où est l'Europe sociale que vous brandissiez dans la campagne du référendum de 2005 ?
L'heure est désormais aux coupes claires dans les politiques sociales et les services publics quasiment partout en Europe, à l'accélération de la destruction de l'État providence et des droits sociaux chèrement conquis par le mouvement ouvrier. C'est un projet mortifère et dangereux, y compris pour les collectivités territoriales. Partout sont remis en cause les salaires, les retraites, l'indemnisation du chômage, le droit du travail, les services publics, la politique de santé publique.
Ce choix des autorités européennes et des États membres de l'Union européenne, qui, au nom de la convergence, privilégient à tout prix les réductions drastiques des dépenses publiques et sociales, risque de conduire au blocage de la croissance, voire de provoquer une nouvelle récession.
Votre obstination à servir les marchés financiers au détriment de l'intérêt général, fût-ce en manipulant les chiffres, ne peut conduire qu'à de nouvelles catastrophes.
Comme les syndicats de salariés, unanimes, y compris au sein de la Confédération européenne des syndicats, nous jugeons au contraire que priorité doit être accordée à l'investissement public, à des réformes fiscales d'ampleur pour des impôts plus justes, à une relance de l'économie privilégiant les investissements dans l'éducation et la formation, la recherche, l'emploi de qualité, les infrastructures et les services publics.
Si nous devons réduire les déficits et la dette publique, cela ne peut être que dans une démarche qui assure la justice et la solidarité, par la promotion d'une autre répartition des richesses.
Nous voterons donc contre ce programme de stabilité. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur quelques bancs du groupe SRC.)