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Intervention de François Brottes

Réunion du 12 avril 2011 à 17h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Brottes :

Monsieur le président de la Commission, dans la mesure où nous avons voté contre le projet de changement de statut de La Poste, auquel le président Bailly est très étroitement associé, nous ne participerons pas au vote. J'imagine que cela ne constitue pas une surprise.

Lorsqu'elle était encore un établissement public industriel et commercial, la poste a obtenu des résultats qui ne devaient rien au changement de statut, vous l'avez vous-même reconnu, monsieur le président Bailly. Prenant acte de cette reconnaissance, nous considérons que le changement de statut n'était pas nécessaire, d'autant que la réalisation de l'augmentation de capital, urgente nous avait-on dit, a pris près de deux ans.

Peut-être, monsieur le président Bailly, nous préciserez-vous dans le détail l'usage que vous allez faire de ces capitaux supplémentaires ? La prise de parts dans des entreprises concurrentes, y compris à l'international, est-elle toujours d'actualité ?

Vous vous êtes plaint un temps de ne pas avoir les mains libres à l'égard de vos filiales. Le nouveau statut vous donne-t-il la haute main sur l'ensemble du groupe ?

Les articles de presse actuels font état alternativement des jetons de présence au conseil d'administration et du climat social un peu délicat voire tendu dans différents sites. Il n'y a sans doute aucun rapport entre l'une et l'autre question.

Le renforcement de la présence postale territoriale, évoqué par le président Poignant, me paraît une simple traduction d'un « relais de décroissance » face à la diminution du nombre de bureaux de poste : plus il en disparaît, plus il faut investir pour financer les APC et autre RPC. Cet effet mécanique correspond du reste à l'engagement pris pour pallier la suppression de bureaux de poste.

Vous avez précisément détaillé les mesures destinées à l'accompagnement social de la modernisation. Sans souffler sur les braises, il faut objectivement reconnaître que le malaise d'un certain nombre d'agents est profond. Ils ne comprennent pas la logique dans laquelle ils agissent. Plusieurs témoignages, sincères et honnêtes je crois, nous inquiètent. Je veux pour preuve de ce malaise sa perception par l'opinion et les usagers de La Poste.

Monsieur le président de la Commission, je vous ai fait parvenir au nom de mon groupe – par la poste ! – un courrier vous demandant la création d'une mission d'information. Il fait suite à deux éléments significatifs. Le premier est un rapport du Médiateur, M. Delevoye – dont je rappelle qu'il a été un membre éminent du RPR. Ce rapport est extrêmement sévère à l'égard de la dégradation de nos services publics. Le second est le baromètre IPSOS sur la satisfaction de la clientèle, qui renvoie en queue de peloton pour la perception de la qualité du service rendu les entreprises issues du service public, France Télécom, EDF et La Poste. Cela n'était jamais arrivé. Autrement dit, monsieur le président Bailly, le capital d'image et de confiance que vous avez évoqué est en train de s'amenuiser dans l'opinion. Il y a sans doute un lien entre la perte de confiance, de lisibilité et d'un sentiment de qualité, la disparition d'une partie du service public et l'installation d'un malaise profond au sein du climat social interne. Dans la mesure où cette situation ne concerne pas seulement une seule entreprise, nous vous proposons d'observer ce qui a mené La Poste, EDF et France Télécom à cette situation au regard de l'opinion. Si une page est en train de se tourner, ses raisons et ses conditions ne sont visiblement comprises ni par les usagers et l'opinion, ni par les agents.

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