Monsieur le président, mesdames, messieurs, je voudrais me féliciter de la très grande qualité de nos débats sur ce sujet très sensible de l'agriculture française. Nous sommes tous d'accord pour dire qu'il faut avancer, prendre des décisions concrètes, améliorer notre compétitivité et résister à la concurrence de nos amis allemands, italiens, espagnols, mais également des nouvelles puissances agricoles comme le Brésil, que j'ai déjà cité à plusieurs reprises.
J'évoquerai d'abord les problèmes généraux que vous avez soulevés avant de traiter de deux sujets principaux : la compétitivité et l'eurocompatibilité de la proposition de loi. J'entrerai un peu plus dans le détail juridique, afin que vous compreniez que mon avis n'est pas doctrinaire, mais purement juridique. Cette proposition de loi n'est pas compatible avec le droit européen.
Pour ce qui est des points généraux, je ne voudrais pas que vous sortiez de l'hémicycle en pensant que l'agriculture française est en situation d'effondrement généralisée ou de catalepsie. Elle obtient des résultats absolument exceptionnels. Elle reste de très loin la première production agricole européenne. M. de Courson a évoqué le problème des exportations agroalimentaires, j'y reviendrai ; mais il faut bien faire la différence entre la production de base de produits bruts, sur laquelle nous restons très performants, et la transformation, sur laquelle, effectivement, nous perdons davantage de terrain. Nous restons le premier producteur viticole au monde, avec une surface relativement réduite. Nous sommes parvenus à reprendre cette première place, l'an dernier, à la suite de gros efforts de réorganisation de la filière. Nous restons le deuxième producteur de blé au monde malgré des superficies somme toute tout relativement réduites, parce que nous sommes productifs et que nos rendements à l'hectare sont satisfaisants.
En matière de production laitière également, nous restons l'une des plus belles industries au monde. Si pas moins de huit acheteurs, chinois, mexicains, américains, suisses se sont présentés lors de la vente de Yoplait, c'est bien la preuve que nous restons une agriculture compétitive, attractive avec des capacités à réussir tout à fait exceptionnelles. Louis Cosyns l'a rappelé tout à l'heure : nous avons une très belle agriculture et des agriculteurs remarquablement performants. Nous devons les soutenir. Le tableau n'est pas si noir que ce que l'on peut en dire.
Je regrette queM. Nicolas Dupont-Aignan ait jugé bon de quitter l'hémicycle : j'aurais aimé lui répondre que nous ne ménageons pas la chèvre européenne et le chou national.