Nous n'avons aucune leçon de construction européenne à recevoir de votre part. Vous n'avez pas le droit de faire rêver les agriculteurs européens : eux savent que l'harmonisation prendra des décennies.
Je partage beaucoup avec Bernard Reynès ; nous avons commencé à travailler ensemble et nous continuerons. Nous avons mené bien des auditions, dont une, très intéressantes avec M. Teulié, secrétaire général du groupe Carrefour. Nous lui a avons posé la question des répercussions et sa réponse a été très instructive : nous avons tort, nous a-t-il dit, de sous-estimer la concurrence dans la grande distribution. Les sept centrales d'achat se livrent une concurrence bien plus féroce que ce que l'on croit. La grande distribution va d'abord essayer de réduire ses coûts, ce qui pose d'ailleurs un certain nombre de problèmes : car elle va commencer par réduire les coûts sociaux et salariaux, ce qui n'est pas sans conséquences. Ensuite, elle essaiera de répercuter sur les prix, et enfin sur les producteurs. Voilà pourquoi, après avoir entendu M. Teulié, nous pensons qu'au final, la répercussion sur les producteurs sera limitée.
Je veux remercier Germinal Peiro pour son constat. Il a eu le courage de dire que l'on comptait 1 250 fraisiculteurs en Dordogne en 1990, 250 aujourd'hui. Il y a le feu ! Mais que fait-on ? Je pose une question très simple : le 3 mai, le parti socialiste va-t-il voter contre la baisse des charges des agriculteurs ? Je ne peux pas le croire. Germinal Peiro nous a ensuite renvoyés à nos responsabilités sur la PAC, mais qui était au Gouvernement en 1992 ? Cette année-là, mon département, le Lot-et-Garonne, a été en état de jacquerie, avec des violences. J'étais déjà dans la politique, et je les ai subies. C'est vous qui nous aviez concocté un système de DPU qui était inique, vous l'avez accepté. Blair House aussi, c'est vous qui l'avez accepté. En oubliant les fruits et légumes ! Quels que soient nos liens d'amitié, nous n'avons pas de leçons à recevoir de ce côté-là.