De même, si deux exploitations obtiennent un niveau égal de revenu, leurs trajectoires d'investissement peuvent être à l'opposé l'une de l'autre.
Pour illustrer mon propos, je citerai le délégué interministériel aux industries agroalimentaires et à l'agro-industrie qui, dans son rapport d'octobre dernier au sujet du coût du travail dans le secteur des viandes, indique que l'Allemagne, pour être plus compétitive, fait appel dans ses usines, tant pour l'abattage que pour le désossage, à du personnel qui provient des états membres de l'est de l'UE, dont le salaire est celui du pays d'origine. Étant donné la pénibilité du travail, ce secteur trouve peu de candidats allemands, ce qui explique la tolérance des autorités. Le délégué interministériel note cependant que la situation sera appelée à évoluer du fait de la suppression, dès le 1er mai prochain, de la dérogation dont bénéficie ce pays et qui lui permet d'interdire l'accès à son marché du travail aux salariés en provenance des nouveaux États membres des élargissements de 2004 et de 2006. Conscients de la situation, les industriels allemands se tournent petit à petit vers l'automatisation maximale des tâches des lignes d'abattage, de désossage et de découpe.
Je veux surtout m'inscrire en faux contre les propos du président de la FNSEA : à l'entendre, il faut produire plus et moins cher en raison de la compétition internationale. C'est là une erreur majeure : une telle vision, qui consiste à considérer que la solution à notre perte de compétitivité se résume à l'instauration d'une forme de dumping social, est inacceptable. Le nivellement par le bas n'est pas la solution la plus pertinente. De surcroît, la défense du modèle productiviste du « toujours plus » va à l'encontre des conclusions du Grenelle de l'environnement.