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Intervention de Jean Gaubert

Réunion du 14 avril 2011 à 9h30
Renforcement de la compétitivité de l'agriculture française — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Gaubert :

À l'époque, j'ai dit, à cette tribune, au ministre de l'agriculture qu'il s'agissait d'une erreur. Pour les cultures qui emploient beaucoup de main-d'oeuvre, ce différentiel n'est pas le seul responsable, certes, mais il n'est pas neutre. On a, pour l'essentiel, voulu protéger les céréaliers. Or cela se retourne contre les entreprises agricoles qui embauchent beaucoup plus de main-d'oeuvre. Il faut avoir le courage de le dire et je sais que même le ministre de l'époque reconnaît que ce n'était pas le meilleur choix.

Venons-en maintenant au problème des salaires. J'ai ici les données fournies par le Réseau d'information comptable agricole en 2008. Selon le RICA, un salarié agricole coûte en Allemagne 20 910 euros, en France 25 140 euros, aux Pays-Bas 35 040 euros et au Danemark 38 300 euros. Nous sommes certes au-dessus des Allemands, mais bien au-dessous des autres ! Pourquoi, dès lors, le problème ne se pose-t-il dans ces pays ? Je l'ai dit tout à l'heure : c'est parce que, s'agissant de la compétitivité, d'autres éléments entrent en ligne de compte, en particulier dans les filières de la volaille.

Je reviendrai plus tard sur le problème de la main-d'oeuvre saisonnière, parce que, comme on l'a dit plusieurs fois, il est réglé. Il n'en va pas de même, en revanche, de la main-d'oeuvre permanente. Dans un certain nombre des pays évoqués, d'autres aspects sont en jeu en matière de compétitivité. Le ministre les ayant déjà évoqués, je n'y reviendrai pas, sauf pour parler des énergies renouvelables, qu'il n'a pas mentionnées – mais peut-être ai-je mal écouté –, alors que le phénomène se développe à l'étranger – c'est d'ailleurs le cas depuis très longtemps, en particulier au Danemark. Là-bas, les éleveurs de porcs et de volailles vendent leur lisier aux villes qui s'en servent pour le chauffage. Chez nous, on paye pour le traiter ! Il en va de même pour les éoliennes. Toujours au Danemark, un agriculteur m'en a montré deux, qui étaient dans son champ, en me disant : « Voici ma retraite ! »

Ce sont là des éléments de compétitivité dont il faut mesurer l'effet sur l'agriculture, au lieu de tout ramener sans cesse au problème du coût du travail. Il me semble d'ailleurs que, de la part d'un patron, c'est faire preuve d'une forme de mépris envers ses salariés – dont on a pourtant bien besoin en matière d'activités agricoles ! – que de se limiter à ce sujet.

J'allais oublier le problème des saisonniers, mais, tout le monde l'aura compris, il a été réglé. Je n'y reviendrai donc pas, sauf en ce qui concerne la filière intermédiaire – je pense à l'abattage et à la transformation –, dans laquelle le problème subsiste. D'où vient-il ? Il vient du fait que, en vertu des conventions évoquées tout à l'heure par le ministre, les industriels de certains pays, par exemple l'Allemagne, sont autorisés à recevoir de la main-d'oeuvre venant d'autres pays, à des conditions autrement plus favorables que celles que nous avons chez nous.

Sur le problème particulier de l'Allemagne, je voudrais aussi attirer votre attention sur le rapport Fouillade, Guillet et Ménard sur la compétitivité de la volaille de chair, qui est sorti il y a peu de temps. Le problème soulevé ne concerne d'ailleurs pas uniquement la volaille de chair. Ce rapport nous ouvre des pistes, monsieur le ministre, lorsqu'il constate que les Allemands ne sont pas euro-compatibles dans la mesure où, même s'ils achètent une prestation de service à une entreprise étrangère, le salarié est, du point de vue de l'organisation, sous la dépendance des dirigeants d'abattoirs.

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