Les beaux discours du ministre auraient pu nous convaincre en 2002, en 2003 ou en 2004, mais, dès 2005, ce n'aurait plus été possible, tant l'ampleur du problème était devenue considérable.
Monsieur le ministre, le nombre des médecins n'est pas une question subsidiaire. Nous avons tous dit qu'il était d'une grande importance que le numerus clausus ait été progressivement desserré. La France occupe une place très honorable par rapport à la moyenne européenne en ce qui concerne le nombre des médecins. Ce qui fait problème, c'est leur répartition. Or, rien n'indique aujourd'hui que l'augmentation du nombre de médecins liés au desserrement du numerus clausus produise une répartition substantiellement meilleure.
Nous avons entendu, depuis cinq ans, toutes les catégories de professionnels de santé : les syndicats bien sûr, mais aussi les associations de spécialistes, de généralistes, les jeunes internes. Tous nous ont dit que les incitations n'avaient pas de réel effet sur l'implantation des jeunes médecins.
Un guichet unique, c'est très bien si cela permet de simplifier les procédures. Nous avons tous une courbe d'expériences sur ces questions. Les incitations et le numerus clausus font partie des mesures nécessaires, mais non suffisantes. Vous ne parviendrez pas à nous faire croire que vous avez aujourd'hui une autre volonté que celle de promouvoir le laisser-faire.
Ce que vous nous proposez n'est ni plus ni moins qu'une capitulation en rase campagne. Vous ne tirez aucune leçon des échecs passés. On peut étudier sur trente ans la responsabilité des uns et des autres, mais la question qui se pose aujourd'hui est de savoir si nous baissons les bras ou si nous mettons en place la panoplie des mesures nécessaires.
Je suis extrêmement surpris, par ailleurs, de vous entendre parler si souvent des médecins et jamais des patients. (Exclamations sur de nombreux bancs du groupe UMP.) Nous avons un immense respect pour les professionnels de santé. Mais il s'agit d'un problème d'intérêt général et nous ne croyons pas, encore une fois, que l'exercice libéral soit mis en cause par le fait que nous essayions de trouver une voie d'intérêt général.
J'ai découvert, au hasard d'une revue de presse, que les représentants de la CSMF ont été reçus à la fin de la semaine dernière par le Président de la République, alors que cela ne figurait pas à l'agenda présidentiel. Si j'en crois le président de cette confédération, la proposition de loi Fourcade a été évoquée. Cela signifie clairement que vous avez pour mission de traduire en termes législatifs les résultats de la conversation du Président de la République avec un syndicat de médecins qui campe depuis des années sur des positions extrêmement conservatrices. Nous avons auditionné très souvent M. Chassang. Il pense que le traitement du désert médical ne relève pas de la responsabilité de la CSMF. Je suis d'accord avec lui. Elle relève de la responsabilité du Parlement, du Gouvernement, de la puissance publique. Hélas, vous êtes aux abonnés absents. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)