M. Trassy-Paillogues m'a tout d'abord demandé s'il existait des institutions similaires dans les pays voisins. L'Italie a adopté début 2008 un texte destiné à donner à la Caisse des dépôts italienne des missions très comparables aux nôtres et elle a aujourd'hui un bilan quasiment équivalent, d'à peu près 200 milliards d'euros. Elle gère également les dépôts postaux et le fait qu'une initiative soit prise en vue de la création d'un fonds d'investissement stratégique montre que ce pays est très proche de nous dans l'imitation. En Allemagne, la KfW est surtout un prêteur et donc plutôt l'équivalent de la COFACE et d'OSEO. Par ailleurs, en Afrique, le modèle de la Caisse des dépôts, qui consiste à utiliser l'épargne à vue pour un investissement long, a été pendant un temps contesté par la Banque mondiale mais il est maintenant reconnu comme utile.
Je crois beaucoup en l'actionnariat salarié. C'est un modèle que nous avons développé chez Egis, à l'occasion de l'achat d'Iosis, qui était détenu plus que majoritairement par ses salariés. Nous avons alors ouvert le capital à 350 cadres et à l'ensemble des 10 000 salariés, via un fonds commun de placement à risque (FCPR). Les salariés détiennent aujourd'hui 25 % du capital de la société. L'actionnariat salarié n'est sans doute pas transposable à toutes les entreprises, mais je persiste à juger cette piste très intéressante.
Je ne dispose pas du nombre d'ETI au Royaume-Uni et en Espagne. De mémoire, il y en a à peu près le double en Allemagne qu'en France, ce qui représente une puissance considérable.
Parmi les atouts de notre pays, je citerai la sécurité juridique pour tous les pays émergents et les infrastructures ; parmi les handicaps, le fait que de nombreux chefs d'entreprise étrangers jugent que l'incertitude de la jurisprudence sociale de la Cour de Cassation est un frein à leur implantation dans notre pays.
Il me semble que, pour lutter contre la désindustrialisation, ce qui se passe dans les pôles de compétitivité est beaucoup plus intéressant que ce que l'on a pu penser au début : ils permettent aujourd'hui de mettre véritablement en réseau des industriels qui se prennent en main. Je l'ai constaté récemment à Toulouse dans les pôles liés à l'agroalimentaire, l'aéronautique, la lutte contre le cancer et la thermique. Il me semble que la tendance au désintérêt de la France pour son industrie a cessé.