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Intervention de pasteur Bernard Delannoy

Réunion du 30 mars 2011 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

pasteur Bernard Delannoy :

J'ai parlé de « paix juste » pour ne pas parler de « guerre juste ». Comment appeler « guerre juste » notre intervention en Libye ? Une guerre juste supposerait une intervention avec des moyens proportionnés. Or, nos moyens, aériens notamment, ne le sont pas. Quoique soutenue par la totalité des Français, cette intervention n'est pas théologiquement « juste » au sens d'Augustin ou de Thomas d'Aquin. En revanche, parler de « paix juste » signifie combien une nation est capable de dépenser, en argent, en énergie et en vies humaines pour apporter quelque part la paix. Il s'agit donc d'apporter la paix et non de mener une guerre ou une intervention juste, concept qui n'est désormais jamais totalement justifiable par les Églises.

Ce que se demandent nos soldats en opérations extérieures, c'est : « pourquoi sommes-nous là ? ». S'ils sont prêts à se battre pour des causes, la définition du cadre de leur intervention est parfois tellement floue qu'ils ne connaissent pas les raisons de leur présence. Bien souvent, les aumôniers doivent la leur rappeler. Ainsi, ce n'est pas pour que les femmes puissent vivre sans voile que les forces françaises sont présentes en Afghanistan, mais pour des raisons plus profondes, auxquelles nous pouvons parfois apporter des éléments de réponse, que nous partageons du reste avec nos collègues américains. Les militaires américains en Irak ne savaient plus pourquoi ils y étaient.

Nous sommes entendus. Ainsi, il est inadmissible qu'un chef de corps oblige, pour une fête d'armes, l'ensemble de ses subordonnés à assister à la messe par solidarité ou conviction. Les protestants en sont aussi outrés que les athées. Bien souvent, c'est le pasteur que les uns ou les autres viennent voir pour lui demander de faire cesser ces pratiques. Aujourd'hui, le Conseil de coordination nous permet de faire remonter l'information et de régler les problèmes. Avant sa création, il y a dix ans environ, la situation était très difficile. En cas de difficultés plus importantes, nous pouvons accéder directement au chef d'état-major des armées.

Si la plupart des gens ne pensent plus à la mort, celle-ci ayant été totalement évacuée de la société, les militaires doivent vivre avec les traumatismes qu'ils ont vécus, au Liban, en Afghanistan… Aujourd'hui encore, au cours de conférences, des anciens de la guerre d'Algérie nous font part des traumatismes que la pratique de la torture a suscité en eux.

Je souhaite aussi attirer l'attention sur le traumatisme de la séparation avec la famille. Sa répétition trop fréquente est très difficile à vivre.

Enfin, la reconnaissance n'est pas toujours au rendez-vous. Nos militaires affectés en Guyane, qui ne sont donc pas en opération extérieure, et qui ont en charge la lutte contre les orpailleurs, peuvent, au regard de leur vécu, se plaindre d'une inégalité de traitement.

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