Monsieur le ministre, les viticulteurs sont inquiets des conséquences que fait peser sur leur avenir, le plan européen d'arrachage de 200 000 hectares de vigne et la libéralisation des plantations à l'horizon 2014.
La récolte 2007 – dont le volume sera inférieur de 10 % à la moyenne des dernières années – pourrait ouvrir la perspective d'une diminution des stocks et d'un redressement des prix. Cette évolution de conjoncture prouve la complexité d'une filière qui s'accommode mal d'une politique définie par les préjugés idéologiques qui inspirent Mme Fischer-Boel.
Le plan de la Commission pourrait porter un coup fatal à la diversité et à la qualité des produits viticoles nationaux. De plus, en libérant des terrains, il permettrait l'implantation de grands groupes, ce qui conduirait à terme à la production massive de vins standard.
Aussi, à l'occasion de la réunion de la commission agricole du Parlement européen, le 12 septembre dernier, députés et experts ont exprimé les plus grandes réserves sur l'arrachage, et plaidé – à l'inverse – pour un effort en faveur de la qualité des vins européens.
De son côté, l'Assemblée des régions européennes viticoles, représentant 65 régions viticoles européennes, vient de souligner 1'importance de la réglementation actuelle sur l'élimination des sous-produits de la vigne, afin de justifier son opposition à la libéralisation des plantations.
J'évoquerai aussi l'analyse de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture, développée dans sa dernière édition des « Repères économiques de l'agriculture française ». Elle note la progression importante de la part de la viticulture dans le chiffre d'affaires de la ferme France, passée de 6 à 16 % depuis 1960. Fait notable souligné dans l'étude : cette évolution s'explique seulement par la montée en gamme des vins, sans augmentation des quantités.
Dans ces conditions, il est nécessaire de prendre l'initiative d'un sommet de la viticulture, comme le demandent les organisations syndicales. C'est une condition incontournable pour sortir la filière de la situation dramatique dans laquelle va l'enfoncer la réforme européenne. Monsieur le ministre, au vu du rejet que suscite cette réforme, je vous demande de répondre favorablement à cette demande.