Monsieur le président, après cette séquence d'humour, je vous propose une séquence de douleur parce qu'il m'est extrêmement difficile d'entendre ce que j'ai entendu.
Je comprends la position de M. de Rugy mais je ne reprendrai pas, par rebondissement, la mécanique. C'est quand même vrai que notre choix nous situe dans un cadre d'exception, que nous le voulions ou non.
Monsieur le ministre, acceptez au moins de déclarer publiquement que cette situation est ubuesque et antidémocratique : un candidat qui n'est pas majoritaire est élu avec moins de voix qu'un autre qui s'est battu sur son territoire puisque c'est une proportionnelle à effet complet. Si vous acceptiez cela, je m'en satisferais étant donné que vous allez faire voter contre mon amendement.
Engagez-vous, tout au moins, à expertiser la situation, à regarder cela au fond – c'est de votre responsabilité – et à proposer de revenir devant nous pour nous faire des propositions. Autrement, je ne vois pas comment nous pourrions traiter une situation aussi grave.
D'ailleurs, le taux de participation de la population lors de ces élections-là est tellement faible que nous frisons le ridicule. Vous savez pertinemment que cela ne va pas et que les gens ne se sentent pas concernés.
En outre, le mode de scrutin donne un poids considérable à l'île ou au pays le plus peuplé : mécaniquement, La Réunion pèse considérablement sur l'élection – c'est un constat et non une critique.
Vous êtes donc véritablement en train de cautionner une procédure antidémocratique, antirépublicaine et qui ne respecte pas le suffrage universel.
Si vous vous engagiez, tout au moins, à étudier au fond cette question afin d'apporter une solution pour l'avenir, je serais très satisfait. Sans aller jusqu'à retirer cet amendement très important pour moi, j'aurais le sentiment que nous partirions ce soir sur quelque chose de noble.