…– je poursuis – ou en laissant encore le Maroc – c'est la Méditerranée ! – dicter sa loi sur le Sahara occidental – ce n'est pas la Méditerranée ! – faisant fi du droit international, le message de l'Union européenne se voit discrédité et rejeté par une grande partie des peuples du Sud, notamment dans le monde arabe. Pour sortir de ce « deux poids deux mesures », l'Union européenne doit renouer avec ses principes. Pour ce faire, il convient de sortir des relations de complaisance et de ne pas transiger lorsqu'il s'agit du respect des valeurs de la démocratie.
S'agissant de la situation au Proche-Orient – c'est la Méditerranée ! –, plus de deux ans après la sanglante opération « plomb durci » menée par l'armée israélienne à Gaza et près d'un an après le bain de sang lors de l'opération contre la « flottille humanitaire » – sur la Méditerranée ! – la situation demeure bloquée et la perspective d'aboutir à un accord de paix s'éloigne chaque jour davantage. Et pour cause : le gouvernement israélien qui, je le rappelle, est aujourd'hui formé par une coalition droite-extrême droite poursuit sa politique d'apartheid et de colonisation de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie avec l'édification du Mur que la Cour internationale de justice avait estimé illégale, son siège de la bande de Gaza où croupit un million et demi d'habitants dans des conditions indignes et épouvantables.
Face à cette situation, le laisser-faire des pays occidentaux et de l'Union européenne, en particulier, n'est pas admissible. L'Union européenne doit prendre des sanctions envers un gouvernement coupable de fouler aux pieds les résolutions internationales et sur lequel plane des accusations de crimes de guerre. Aujourd'hui, vingt-six personnalités, qui comptent parmi les plus importants dirigeants européens de cette dernière décennie appellent à prendre des sanctions contre Israël. Seules des sanctions permettraient de mettre un terme à l'impunité dont bénéficie l'État d'Israël : suspendre l'accord préférentiel qui lie l'Union européenne à l'État d'Israël et qui, en vertu de 1'article 2, affirme explicitement le devoir de respecter les droits de l'homme ; suspendre le « rehaussement » des accords commerciaux entre l'Union européenne et Israël, obtenu le 23 février dernier, qui confère à Israël, sans aucune condition, tous les avantages d'un État membre sans en avoir les devoirs ; stopper l'importation de marchandises provenant des colonies, mais qui sont marquées comme étant des produits d'Israël, en totale violation de la réglementation de l'Union européenne. Voilà, quelques mesures dont dispose l'Union européenne pour mettre un terme à sa politique de « deux poids, deux mesures » et gagner ainsi en crédibilité auprès des peuples arabes.
Alors que tout le monde regarde la démocratisation dans le monde arabe, l'Union européenne ne doit pas se faire l'écho des craintes israéliennes face au changement politique. Elle doit soutenir la perspective qu'Israël ne soit plus « la seule démocratie du Proche-Orient ». La construction de la paix pour les Palestiniens s'impose comme un pendant au processus de démocratisation dans le monde arabe.
Monsieur le ministre, j'ai écouté toutes vos déclarations sur les évolutions que connaît le Maroc. Les évolutions démocratiques, que je tiens à saluer avec vous si elles se mettent en place, sont bonnes pour le peuple marocain. Cependant, cela n'autorise pas le Maroc à ne pas respecter le droit international et les droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental. La population marocaine a fortement manifesté pour exiger le développement de la démocratie. N'oublions pas qu'il y a eu en octobre et novembre – peut-être était-ce un signal ? – des manifestations importantes autour de Laâyoune. Près de 20 000 personnes se sont alors rassemblées pour réclamer le droit à être reconnues, respectées ; le droit à travailler et à se loger comme les Marocains qui vivent dans cette zone. Pour toute réponse, le roi du Maroc a balayé ce rassemblement de 20 000 personnes. Je ne vous expliquerai pas la suite ! J'espère que la France saura aussi intervenir auprès du roi du Maroc, dans le cadre de ce processus démocratique, pour que les droits de l'homme soient respectés au Sahara occidental.
La jeunesse écrit aujourd'hui l'histoire autour de la Méditerranée. C'est un très grand espoir en un avenir original, peut-être loin des critères que l'Europe et la France avaient retenus pour l'Union pour la Méditerranée. Nous serons, en ce qui nous concerne, demain comme hier, aux côtés des peuples pour construire les démocraties sociales et oeuvrer à la paix !