Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Marie-Louise Fort

Réunion du 30 mars 2011 à 15h00
Débat sur "europe et méditerranée"

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Louise Fort :

Madame la présidente, monsieur le ministre d'État, messieurs les présidents, mes chers collègues, je me réjouis que la commission des affaires européennes ait, à l'initiative de son président, organisé ce débat passionnant et passionné sur l'Europe et la Méditerranée.

La Méditerranée n'a pas toujours été un grand sujet d'intérêt commun pour l'Europe. Le centre de gravité de cette dernière se trouvait, lors de sa création, au sein du couple franco-allemand, et assurer la paix à notre continent était une impérieuse nécessité.

Peu à peu, l'Union s'est élargie vers le Nord puis vers le Sud avec l'entrée dans les années 80 de deux pays clairement méditerranéens : l'Espagne et la Grèce. L'élargissement de 2004 a vu l'entrée des pays de l'ancien bloc de l'Est, ainsi que l'arrivée de Chypre et de Malte, confirmant ainsi la vocation méditerranéenne de l'Union européenne.

Si, dès sa création, l'Europe a entretenu des relations étroites avec ses voisins de la rive sud de la Méditerranée, il a fallu attendre 1995 et le processus de Barcelone pour réellement institutionnaliser ces relations. Nous connaissons tous les difficultés et les déceptions engendrées par le processus de Lisbonne. C'est pour y remédier que le Président de la République avait souhaité, en 2008, lancer l'Union pour la Méditerranée. Convaincre nos partenaires n'a pas été d'une grande simplicité.

La pertinence de ce projet prend toute son ampleur avec les révolutions qui secouent nos voisins méditerranéens. Ce sont quarante pays des deux rives de la Méditerranée qui sont unis – je cite la déclaration finale – « par une ambition commune, qui est de bâtir ensemble un avenir de paix, de démocratie, de prospérité et de compréhension humaine, sociale et culturelle ». Nous retrouvons là, avec une extraordinaire proximité, les principales revendications des jeunes tunisiens, égyptiens, libyens ou syriens, des jeunes pour la plupart éduqués qui ne voient pas d'avenir économique dans leur propre pays et revendiquent un meilleur partage des richesses au sein de sociétés ouvertes et démocratiques. Ils souhaitent prendre en main leur destin. C'est pour nous tous un formidable message d'espoir dont nous avons encore du mal à percevoir les conséquences, car – n'en doutons pas – nous ne sommes pas seuls au monde et les révolutions du monde arabe auront des conséquences sur notre manière d'appréhender cette mer intérieure qui nous est commune.

Les promesses de démocratie ouvrent tous les espoirs. Elles nous permettront d'aller au-delà des projets concrets de coopération lancés par l'UPM, que vous venez de nous rappeler, monsieur le ministre d'État, tels que la dépollution de la Méditerranée, la création des autoroutes de la mer et le développement de l'énergie solaire.

Vous avez évoqué, il y a quelques temps, une refondation de l'UPM à cause des événements survenus en Afrique du Nord. Or, ce matin, en commission des affaires étrangères, le président Poniatowski nous a rendu compte de la mission qu'il vient de conduire en Tunisie. Il a souligné l'importance accordée par ce pays à sa relation bilatérale avec la France. Il serait opportun, dans le contexte actuel, de prendre en compte cette position et de faire évoluer la sous-organisation régionale. Peut-être pourriez-vous nous indiquer les initiatives que la France compte prendre en ce sens ou nous en communiquer quelques éléments.

Par ailleurs, la France est actuellement fortement impliquée en Libye, et nous n'avons pas ménagé notre peine pour rallier nos partenaires internationaux et européens a l'idée d'une intervention pour protéger le peuple libyen du massacre sciemment annoncé par son leader. Je veux vous le dire : nous en sommes très fiers.

Vous venez, monsieur le ministre d'État, de nous donner les grandes lignes de convergences issues de la conférence qui s'est tenue hier mardi à Londres. Je poursuis sur ce sujet en vous demandant quelles voies diplomatiques privilégier pour engager le dialogue entre les différentes parties. Ces perspectives sont d'autant plus complexes que nous avons affaire – vous l'avez rappelé – à un chef de l'État libyen très imprévisible.

Les questions sont donc nombreuses. De notre capacité à y répondre avec le soutien de la communauté internationale dépendra bien évidemment la crédibilité de notre action.

Oui, aujourd'hui plus qu'hier, notre avenir dépend aussi de l'avenir de ces pays. Cette certitude doit nous conduire, maintenant et dans les années à venir, à nous investir à leurs côtés en termes politiques, culturels, financiers et humains. Ce sera apporter une pierre supplémentaire à la construction de la paix du monde. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion