La clé, c'est aussi le développement de projets concrets. Eux seuls peuvent fédérer des États divisés, mobiliser les entrepreneurs locaux et européens, attirer de nouveaux investisseurs, notamment ceux du Golfe, dans des partenariats public-privé.
La proposition de la Commission européenne de partenariat pour la démocratie et la prospérité partagée, adoptée par le Conseil européen le 11 mars, comporte des orientations fécondes, à condition d'être bien maîtrisées. Je pense à la création d'une communauté de l'énergie, à l'encouragement à la mobilité légale, indissociable d'une lutte plus efficace contre l'immigration illégale. Je pense à l'offre d'avantages commerciaux supplémentaires, à condition de trouver un équilibre pour les productions agricoles des pays de l'Europe du Sud.
L'Union européenne doit évidemment imposer des conditions démocratiques mais aussi liées à la lutte contre la corruption et le pillage des ressources. Telle est la garantie de la crédibilité du renforcement des aides budgétaires et des prêts de la Banque européenne d'investissement, et éventuellement de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.
Les pays de la rive sud doivent devenir des pays pleinement contributeurs du développement de la région, en mobilisant notamment leurs ressources pétrolières.
J'en suis convaincu, il faut massivement renforcer les actions en faveur de l'éducation, de la formation et des échanges interuniversitaires. Il faut créer des pôles de compétitivité régionaux alliant acteurs industriels et instituts de recherche. Il faut encourager la mobilité des étudiants, des chercheurs et des professionnels. Y a-t-il dans ces domaines une réflexion avancée et concrète au niveau de l'Union ?
Enfin, si al-Jazira et internet ont été les vecteurs de la révolte des peuples arabes, les médias et l'audiovisuel méditerranéens doivent concourir à briser les ignorances culturelles réciproques dans l'espace euro-méditerranéen.
Notre credo est double : fermeté face à la dictature et accompagnement de la démocratie. Les deux sont indissociables. Je suis très fier que la France et l'Europe aient été à l'initiative dans un cas comme dans l'autre.