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Intervention de Alain Vidalies

Réunion du 30 mars 2011 à 15h00
Questions au gouvernement — Pouvoir d'achat

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Vidalies :

Monsieur le Premier ministre, lors de la dernière campagne électorale, nous avons tous rencontré des Français qui nous exposaient que leur salaire ou leur retraite ne leur permettait plus de « joindre les deux bouts », pour reprendre l'expression si souvent entendue. Comment en serait-il autrement quand les dépenses contraintes de la vie quotidienne – le gaz, l'électricité, les loyers, l'essence, les assurances, les mutuelles, les prix alimentaires – augmentent de 5 % au minimum et parfois de 10 % alors que les salaires et les retraites ne suivent pas ?

C'est le moment que vous avez choisi pour proposer avec Mme Merkel un pacte de compétitivité dont la principale disposition vise à conditionner les hausses de salaires à des gains de productivité. Ainsi, si les prix des dépenses de la vie quotidienne augmentent pour des raisons liées au déséquilibre du marché mondial – comme aujourd'hui l'essence ou les produits alimentaires – les salariés et les retraités devront seuls en supporter les conséquences, alors que, dans le même temps, les profits des grandes entreprises ont augmenté de plus de 80 % en 2010. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.) Ce choix est socialement inacceptable et dangereux pour l'adhésion des Français à l'idée même de la construction européenne à laquelle nous sommes attachés. Si vous vouliez nourrir le fonds de commerce de ceux qui désignent l'Europe comme la source de toutes les difficultés sociales, vous ne vous y seriez pas pris autrement.

La Confédération européenne des syndicats a dénoncé cette conception de la compétitivité. Les partis socialistes européens ont, au contraire, élaboré un pacte de compétitivité et d'emploi qui propose un plan ambitieux d'investissement en infrastructures financé par une taxe sur les transactions financières. Ils ont suggéré que les normes sociales et environnementales soient intégrées aux traités commerciaux pour passer du libre-échange au juste échange. La croissance que nous souhaitons ne peut ignorer le moteur de la consommation des ménages et donc la protection du pouvoir d'achat.

Monsieur le Premier ministre, il est encore temps d'arrêter cette politique socialement injuste et dangereuse pour l'idée même de la construction européenne ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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