Je vous remercie, madame la députée, de me poser cette question à laquelle je suis sensible à un double titre, celui de ministre de la défense et aussi des anciens combattants, fonction que j'assume pleinement, et celui d'élu d'un département qui compte, hélas, plus de tombes militaires que de vivants. Je découvre à cet instant, grâce à votre démarche, une méthode qui, profondément, ne me satisfait pas et ne saurait être acceptée dans la forme même si, sur le fond, elle a sa légitimité.
Dans la forme, c'est la municipalité qui a la charge de gérer son cimetière. Les administrations, les services extérieurs de l'État, l'Office national des anciens combattants et des victimes de guerre en l'occurrence, ont donc le devoir de dialoguer avec les élus qui, à l'occasion d'événements comme les journées patriotiques ou le Jour des morts, organisent des célébrations dans les carrés militaires. Ce devoir de dialogue est d'ailleurs d'une telle évidence que je suis un peu gêné de le rappeler.
Sur le fond, l'affaire est plus compliquée. Vous avez fait référence au code des pensions militaires d'invalidité, qui pose le principe de l'égalité devant la reconnaissance de notre pays pour tous ceux qui sont morts pour la France et fixe à cette fin des normes uniformes et assez strictes. Pour avoir visité, hélas, avec beaucoup de respect et d'attention, de très nombreux cimetières militaires en Lorraine, je puis vous dire que cette uniformité est aujourd'hui respectée.
Pour autant doit-on faire disparaître l'histoire même de notre pays et les conditions dans lesquelles les combattants ont lutté et ont disparu ? Non, bien évidemment. Aussi le ministère de la défense et des anciens combattants soutient-il, en partenariat avec les collectivités locales, la mise en place d'éléments d'information permanents, visibles, complets, permettant de faire savoir aux familles, aux pèlerins, aux visiteurs, ce qui s'est exactement passé et pourquoi un carré militaire se trouve à cet endroit.
C'est évidemment plus facile sur le plan historique lorsque sont rassemblés des combattants d'une même bataille. Ce n'est sans doute pas le cas au carré militaire du cimetière des Sablières de Niort, mais manifestement on peut tout de même entrer dans le détail et, dans cet Ouest de la France qui a connu la bataille des poches de l'Atlantique, les combats de la Résistance méritent d'être compris et connus comme doivent l'être ceux de mai-juin 1940 ou ceux de l'hiver 1944-1945 dans les Vosges et en Alsace.
Je m'engage, madame la députée-maire, à veiller à ce que ce devoir de mémoire se traduise par la présence effective d'explications dans les carrés militaires.