M. Lequiller parle latin également – mais c'est un autre débat.
On a coutume de dire que nous en sommes à la troisième francophonie, la première étant celle que nous a léguée l'histoire et la deuxième celle des indépendances, dans un contexte très particulier. Aujourd'hui, la francophonie peut être un espace non seulement linguistique mais également de coopération politique et économique.
Le sommet de Hanoï a été un peu à la croisée des chemins : nos partenaires vietnamiens, avec d'autres, avaient souhaité précisément que l'espace francophone devienne aussi un espace de coopération, comme cela existe pour d'autres langues. Les Espagnols par exemple défendent leur langue avec beaucoup plus d'ardeur, de conviction et d'enthousiasme que nous, nous défendons le français avec tous ceux qui sont des locuteurs francophones.
C'est avoir une vue courte que de ne pas mesurer ce que porte la langue française aujourd'hui, non pas comme instrument de l'impérialisme colonial, mais comme outil de la coopération entre des peuples égaux qui refusent le monolinguisme, qui est le sabir dont parlait Jacques Myard. Quand les gens que j'ai en face de moi ne jurent que par l'anglais, je leur dis de regarder les autres langues qui sont parlées dans le monde, je leur dis que l'anglais est une langue très simple : la preuve, même M. Bush parle l'anglais.
Si nous voulons un espace mondialisé qui s'enrichisse des diversités, des différences, il faut protéger les capitaux linguistiques, si j'ose dire, parce que ce sont aussi la traduction d'histoires communes. Et notre collègue Myard a eu tout à fait raison de souligner combien sa proposition importante trouverait un écho très fort chez nos partenaires. Il me corrigera si je me trompe, mais je crois qu'aujourd'hui une soixantaine de pays adhèrent à l'espace francophone. Il faut leur envoyer un signal positif et ne pas leur donner le sentiment que nous avons honte de notre propre langue. Le fait d'avoir signé le protocole de Londres n'était pas une idée géniale. Aujourd'hui, vous avez l'occasion, mes chers collègues, de vous rattraper.