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Intervention de Nathalie Kosciusko-Morizet

Réunion du 24 mars 2011 à 15h00
Proposition de résolution sur le climat — Discussion générale

Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement :

Certains qui versent aujourd'hui des larmes de crocodile n'ont pas fortement manifesté leur soutien à ce moment-là.

Dépassons cela. Nos objectifs sont extrêmement ambitieux et nous ne serons pas trop – ceux qui sont présents dans l'hémicycle et même quelques autres – pour pouvoir les atteindre. En effet, alors que l'Europe vise une réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre, la France tend à porter la part de ses énergies renouvelables à 23 % et à réduire de 38 % la consommation énergétique des bâtiments d'ici à 2020. Ces objectifs sont d'autant plus significatifs que la France est déjà un pays très sobre en carbone : 8 tonnes de CO2 produits par habitant contre 12 tonnes au Royaume-Uni ou 20 tonnes aux États-Unis.

Pour atteindre cet objectif, nous avons besoin d'engager notre économie dans une transformation structurelle. Nous partageons aussi ce constat. Si cette transformation est loin d'être achevée, elle est cependant engagée, je tiens à le dire notamment à Yves Cochet et André Chassaigne qui semblaient en douter. Monsieur Jean-Paul Chanteguet, cette transformation est d'abord engagée dans le domaine de l'énergie, sujet auquel vous vous êtes particulièrement attaché.

Comme nous le rappellent les fluctuations des prix des hydrocarbures ou le dramatique accident de Fukushima, le secteur va devoir relever un triple défi : celui de la sécurité de l'approvisionnement ; celui de la compétitivité en matière pas seulement de prix mais aussi d'efficacité énergétique ; et celui du climat. En outre, il devra le faire tout en respectant les plus hautes exigences en matière de sécurité et de protection de l'environnement.

L'amorce de cette transformation se manifeste par un véritable bond en matière d'énergies renouvelables. Au-delà de toutes les polémiques, j'aimerais que l'on puisse en convenir sur la base de chiffres objectifs.

En dehors de l'hydraulique, qui est à peu près stable nonobstant des variations climatiques, la croissance de la production d'énergie renouvelable a atteint 23 % entre 2007 et 2009. Cette croissance, mesdames, messieurs les députés, succède à plus de trente ans d'une stagnation dont nous pouvons convenir que nous sommes tous collectivement responsables.

Nous consommons actuellement environ 13 % d'énergie renouvelable, contre 10 % il y a cinq ans, et cette évolution se traduit dans toutes les catégories : en deux ans le parc photovoltaïque a été multiplié par 13 – il est vrai que l'on partait de peu – et le parc éolien par deux.

Pour le solaire photovoltaïque, nous avions au 31 décembre 2010 une capacité de production de plus de 1 000 mégawatts. Cette augmentation va continuer à un rythme bien supérieur aux 500 mégawatts par an, le plafond momentanément fixé, puisqu'elle devrait atteindre plus de 1 000 mégawatts par an, compte tenu des projets en attente. En fait, en 2011 et 2012 seront raccordés plus de mégawatts en solaire photovoltaïque que jamais par le passé. La France atteindra avant 2016 l'objectif qu'elle s'était fixé pour 2020 dans le cadre du Grenelle.

Dans l'éolien, chaque année, ce sont désormais 1 000 mégawatts de capacité qui sont raccordés, soit l'équivalent de la puissance d'une centrale nucléaire actuelle – l'EPR étant plus puissant. En dépit de la conjoncture, et des difficultés, 5 700 mégawatts étaient raccordées fin 2010. C'est moins que notre objectif de 19 gigawatts en 2020, mais c'est beaucoup plus que ce que nous promettaient les Cassandre il y a quelques années, et même il y a encore deux ans.

Nous avons fait le choix d'un déploiement encadré et concerté. Le cadre législatif fixé dans la loi Grenelle 2 a été jugé contraignant, mais il permet un développement de cette énergie maîtrisé, concerté, partagé avec les élus et donc, in fine, de grande ampleur.

Ce matin, à l'occasion de la réunion des préfets qui a été organisée par le ministre de l'intérieur, je rappelais combien j'attachais d'importance à la création rapide des schémas régionaux de développement des énergies renouvelables, en particulier de l'énergie éolienne. Je signalerai aux préfets votre disponibilité à tous pour accueillir des éoliennes dans vos circonscriptions…

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