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Intervention de Jean-Yves Perrot

Réunion du 16 mars 2011 à 9h30
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Jean-Yves Perrot, président-directeur général de l'IFREMER :

S'agissant des moyens, il convient de bien distinguer les moyens scientifiques et technologiques des moyens budgétaires. On l'a dit, la France a la chance, en raison de choix effectués notamment dans les années soixante et quatre-vingt, de figurer parmi les rares pays au monde qui disposent de la capacité à la fois technologique et économique de descendre utilement au fond des mers.

Le problème des moyens budgétaires se pose en permanence. La question n'est donc pas de savoir si les moyens sont suffisants, mais comment on peut se doter des moyens dont nous avons besoin. Pour ce qui le concerne, l'IFREMER n'a pas signé de contrat d'objectifs et de moyens, mais il a tout de même une relation contractuelle avec l'État. En outre, dans le cadre des priorités gouvernementales, le budget consacré à la recherche a été globalement sanctuarisé ces dernières années. Pour aller plus loin, nous devons progresser dans la recherche de ressources propres.

Une des manières de le faire consiste à mieux mutualiser l'utilisation des moyens dont nous disposons. C'est pourquoi nous avons créé, avec nos collègues du CNRS, de l'Institut de recherche sur le développement et de l'Institut polaire français, un outil commun de gestion de l'ensemble de la flotte scientifique française – car plus que jamais, avec le changement climatique, les frontières traditionnelles entre les organisations doivent disparaître. Les échanges organisés entre professionnels et scientifiques constituent également une piste intéressante. Enfin, des partenariats public-privé sont développés, par exemple pour l'exploitation des nodules ou des autres ressources minérales profondes. De tels partenariats ont permis de cofinancer la campagne menée l'année dernière à Wallis-et-Futuna, ainsi que celle en préparation. Cela prouve l'intérêt que portent à ces opérations les grands acteurs économiques.

Comme plusieurs d'entre vous l'ont noté, la demande d'expertise adressée aux établissements de recherche est de plus en plus importante. Nous menons donc, en lien avec nos ministères de tutelle, une réflexion sur ce que devrait être, demain, le modèle économique d'un établissement de recherche. L'État peut-il disposer d'un droit de tirage illimité en matière d'expertise sur des opérateurs auxquels il demande par ailleurs, et à juste raison, d'aller chercher des ressources propres dans un cadre contractuel ? C'est une vraie question. La réponse passe par des mécanismes de contractualisation et de régulation de la fonction d'expertise, à inventer, y compris à l'échelle européenne.

J'en viens aux relations entre science et société. La biodiversité est un bon vecteur pour les réconcilier et pour sensibiliser les acteurs de la société aux enjeux de la protection. Tous les moyens aujourd'hui disponibles peuvent être employés : expositions, films, sites Internet, campagnes de sensibilisation en direction des jeunes.

En matière de biodiversité, il convient de conjuguer en permanence la protection et le développement économique. C'est d'ailleurs un enjeu extrêmement important de coopération internationale, notamment en Méditerranée dans le contexte géopolitique actuel.

Enfin, le programme Census of marine life, auquel l'IFREMER a été associé, est intéressant dans la mesure où il fait progresser la connaissance de la diversité des espèces. Mais il relève d'une approche classique, naturaliste de la biodiversité. De ce point de vue, on est là face à une aporie, car nous savons bien que l'inventaire de la totalité des espèces est impossible. Même si cette initiative est utile en termes de communication avec le grand public, elle ne constitue pas une des formes les plus fécondes de la recherche actuelle.

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