Je me réjouis de l'organisation de cette table ronde, mais elle devrait se prolonger par un débat sur la biodiversité en général, dont la biodiversité marine n'est qu'un aspect.
Jérôme Bignon nous l'a dit : la mer est essentielle pour l'avenir de notre pays et de l'Europe. J'ajouterai que la biodiversité terrestre et marine est essentielle pour l'avenir de l'humanité. Si l'on considère que les hommes sont des animaux élaborés vivant dans des écosystèmes variés auxquels ils ont su s'adapter, cela doit en effet nous amener à nous interroger sur la façon de concilier le développement économique et la protection de la biodiversité, notamment marine.
Les initiatives se développent dans ce dernier domaine. Pourtant, le sujet reste cantonné aux débats d'experts alors que l'enjeu exigerait que le grand public se l'approprie. Je ne suis pas certaine que les touristes qui visitent Mayotte ou la Guyane aient conscience de l'importance de cette biodiversité pour la planète et de la nécessité de la protéger ! La diffusion de l'information et la formation ne sont-elles pas trop limitées ? Ne faudrait-il pas faire prendre conscience de cet enjeu dès l'enfance ?
La biodiversité marine est fragile et surexploitée. La recherche doit absolument progresser, notamment en ce qui concerne l'étude des grands fonds marins. Pensez-vous que les moyens qui y sont consacrés sont suffisants ?
La révision de la stratégie nationale pour la biodiversité est l'occasion d'affirmer clairement que l'exploitation des ressources terrestres ou marines doit garantir le renouvellement des espèces. Mais l'organisation existant au plan national, voire local, en matière de biodiversité est-elle satisfaisante ? La répartition des compétences entre les ministères de l'agriculture et de l'environnement n'est-elle pas par exemple source de difficultés, les intérêts économiques et ceux de la protection de la biodiversité ne coïncidant pas toujours ?
Les menaces sur la biodiversité marine sont souvent la conséquence d'activités terrestres, mais pas seulement. Elles peuvent résulter aussi de dégazages sauvages, par exemple. Or nous n'avons toujours pas de stations de dégazage. Par ailleurs, est-il bien raisonnable d'envisager des forages dans les eaux profondes au large de la Guyane et faut-il vraiment prolonger une piste d'atterrissage à Mayotte, au risque de mettre à mal une partie du lagon, alors qu'il est d'ores et déjà parfaitement possible d'atterrir dans l'île ?
Enfin, où en est l'évaluation des services rendus par la biodiversité marine ?