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Intervention de Olivier Laroussinie

Réunion du 16 mars 2011 à 9h30
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Olivier Laroussinie, directeur de l'Agence des aires marines protégées :

Pour la protection de la nature en mer, une approche intégrée est essentielle. Nous essayons donc de construire nos analyses à partir de trois angles : nous considérons les écosystèmes, le patrimoine naturel remarquable et les usages et ressources, ces derniers appréhendés du point de vue des enjeux et non des seuls impacts. Cela étant, beaucoup de scientifiques vous diraient que bien des données transmises au public sont en réalité des approximations. De fait, plus on s'éloigne des côtes, plus nos connaissances deviennent lacunaires, qu'il s'agisse des inventaires ou de la compréhension des mécanismes.

Le réseau actuel d'aires marines protégées autour de la France métropolitaine est essentiellement constitué de sites Na tura 2000 : ils occupent environ 40 % de la mer territoriale. Le parc naturel de la mer d'Iroise, à la pointe de la Bretagne, y tient une place importante.

Si, quantitativement, nous pourrions nous satisfaire de ce réseau Natura 2000, il privilégie, du point de vue qualitatif, une approche fondée sur la protection d'espèces et d'habitats. Au contraire, les projets de parcs marins correspondent à une approche intégrée des espaces, associant protection de la nature et recherche d'un développement durable.

Sur les façades nord et atlantique, les deux projets de parcs naturels marins devraient aboutir en avril ou mai prochains : l'un concerne les trois estuaires de la plaine picarde, l'autre les pertuis et l'estuaire de la Gironde. Un troisième projet, dans le bassin d'Arcachon, devrait être formalisé en fin d'année 2011 ou au début de 2012 et un quatrième, dans le golfe normand-breton, pourrait être présenté à la fin de 2012 ou au début de 2013.

En Méditerranée, les procédures de consultation étant maintenant achevées, le parc naturel marin du Golfe du Lion, centré au départ sur la Côte Vermeille puis étendu à l'ensemble de la côte sableuse, devrait être créé bientôt. Sont en projet un parc national des Calanques, comportant une partie marine importante, et une extension sur la mer du parc de Port-Cros.

Outre-mer, la France a déclaré ses eaux antillaises sanctuaire pour les mammifères marins, en le dénommant Agoa, du nom d'une déesse amérindienne. Le parc national de Guadeloupe s'est largement étendu en mer, incluant désormais, en sus de l'ancienne réserve naturelle du Grand Cul-de-Sac marin, des aires de protection et une aire maritime adjacente allant jusqu'à la limite des douze milles nautiques, sur le quart environ du pourtour de l'île. En Guyane, notre analyse stratégique nous a conduit à privilégier des projets de développement durable de la pêche côtière et aussi d'exploration : les lacunes actuelles de l'information nous orientent en effet vers des travaux d'inventaire.

Dans l'océan Indien, la France a créé le parc naturel marin de Mayotte au début de 2010. Alors que la concertation de départ le limitait au lagon, il s'étend désormais sur l'ensemble de la ZEE de Mayotte. Un projet similaire est en cours de discussion autour des îles Glorieuses, l'archipel le plus proche de Mayotte. Les deux parcs, contigus, couvriraient environ 140 000 km2: l'équivalent de plus du tiers des 350 000 km2 du domaine maritime métropolitain !

Des projets sont aussi à l'étude dans les îles Australes, dans le cadre de la CAMELAR, la convention pour la conservation des ressources vivantes de l'Antarctique.

Les collectivités de Nouvelle-Calédonie ont obtenu en 2008 l'inscription au patrimoine mondial d'un « bien en série » couvrant 60 % du lagon, le deuxième plus grand récif corallien au monde après la Grande Barrière de corail. Cependant, dans cette région du monde, le projet phare est une collaboration avec l'Australie pour la gestion durable de l'ensemble de la mer de Corail, qui pourrait déboucher sur la mise au point d'un dispositif de protection.

Enfin, le gouvernement de Polynésie française est en train d'élaborer une stratégie pour la création d'aires marines protégées et travaille, avec l'Agence des aires marines protégées et avec le Conservatoire du littoral, à la constitution, sous forme d'un groupement d'intérêt public, d'un conservatoire qui serait l'équivalent pour le territoire de ces deux institutions réunies.

Les projets ne se limitent pas aux eaux françaises. Des discussions sont en cours concernant la haute mer, c'est-à-dire les zones échappant à la juridiction des États. La biodiversité y est aujourd'hui dépourvue de toute protection juridique. Pour y remédier, le plus simple serait sans doute de constituer des aires marines protégées, comme l'était en Méditerranée Pelagos, sanctuaire pour les mammifères marins créé en haute mer par la France en association avec Monaco et l'Italie. Déjà, le conseil des ministres de la Convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est (OSPAR) a décidé en septembre dernier la création d'un réseau d'aires protégées au milieu de l'Atlantique. Evidemment, de telles démarches n'obéissent pas à des préoccupations purement écologiques : il s'agit aussi d'essayer de s'approprier, grâce à sa maîtrise technologique, ces espaces de haute mer…

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