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Intervention de Bruno le Maire

Réunion du 8 mars 2011 à 18h15
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Bruno le Maire, ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche, de la ruralité et de l'aménagement du territoire :

Le tourisme représente évidemment un potentiel de développement économique considérable pour notre pays, monsieur Saddier. Nous restons le premier pays au monde en termes de flux touristiques, mais aussi – ce qui est exceptionnel au vu de la surface de notre territoire – le deuxième producteur mondial de blé.

Beaucoup a été fait, notamment par Hervé Novelli, pour renforcer la qualité de notre offre touristique. Je ne vous cache cependant pas que ma priorité va au maintien de capacités productives dans notre pays. C'est là-dessus que j'entends me battre, car c'est là que résident nos faiblesses les plus importantes.

Vous savez que je suis très attaché aux questions qui touchent à la montagne. Le Conseil national de la montagne peut me remettre son rapport quand il le souhaite, et je participerai volontiers à sa prochaine réunion. Je vous indique par ailleurs que mon refus d'appliquer rigoureusement la règle du dépeuplement pour le zonage ZRR a directement bénéficié aux communes de montagne, puisque 54 % d'entre elles – soit plus de 4 000 sur 8 656 communes concernées – y sont aujourd'hui incluses. Je suis également un farouche partisan du maintien de toutes les indemnités et subventions européennes en faveur de l'agriculture dans les zones difficiles – dont font partie les zones de montagne. Il y a des zones où il faut à la fois les prix et les primes ! Sans ces dernières, l'élevage dans la Tarentaise ne pourrait pas être rentable. L'agriculture en zone de montagne obéit à des contraintes qui méritent rémunération. Il faut savoir ce que l'on veut. Tout est du reste lié : le tourisme dans les zones de montagne passe par le maintien d'activités économiques et agricoles.

Monsieur Peiro, nous sommes en train de travailler sur le décret modifiant les règles des appels d'offres. Il devrait être publié d'ici à deux mois. Je regrette que l'Union européenne refuse, pour des raisons de sauvegarde de la concurrence, les critères de kilométrage qui ont cours aux États-Unis – toutes les écoles américaines ont une obligation de fourniture dans un rayon de 50 kilomètres. Cela dit, nous allons utiliser les ambiguïtés des textes européens. Pour ma part, je pense que ces dogmes de concurrence absolue ne sont pas bons pour les industries européennes ; ceux qui concernent la proximité sont aujourd'hui décalés par rapport aux attentes sociales. Il y a quinze ou vingt ans, nos concitoyens ne voyaient rien à redire à ce que la pomme vienne du Chili et la viande d'Irlande, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Je regrette donc que l'Union européenne n'évolue pas plus rapidement.

J'en viens à la méthanisation. C'est effectivement une nécessité environnementale, mais, tout attaché que je sois au modèle allemand, je ne souhaite pas que la méthanisation devienne l'activité principale d'élevages qui seraient relégués au second plan de la production d'électricité. Nous serons donc vigilants sur ce point, afin de ne pas encourager le phénomène.

La couverture en fibre optique fera bien l'objet d'un plan national. Nous avons lancé un appel d'offres. En fonction de ses résultats, nous mettrons ensuite en oeuvre des dispositifs publics afin de couvrir l'ensemble du territoire.

Pour ce qui est des gaz de schiste, je ne connais pas assez bien le sujet pour vous répondre avec précision. Vous savez néanmoins que votre commission a créé une mission d'information dont Philippe Martin et François-Michel Gonnot sont les co-rapporteurs.

Monsieur Gest, vous connaissez ma position sur le canal Seine-Nord : c'est pour moi une évidence que cette infrastructure répond à un intérêt économique et environnemental, tout en permettant de faire le lien entre les différents pôles de développement économiques et d'emploi que nous définissons en France. Je plaiderai donc de nouveau auprès du Président de la République et du Premier ministre pour que cette réalisation soit effective.

L'évaluation du dispositif incitatif à l'installation de jeunes médecins est en effet nécessaire, car nous avons une obligation de résultat.

Les industries agro-alimentaires sont un vrai sujet. Deuxième employeur privé de France et deuxième pourvoyeur, après l'aéronautique, de devises de notre balance commerciale, ces industries restent trop dispersées, insuffisamment solidaires les unes des autres et pas assez rassemblées, avec à la fois de très grands groupes employant des centaines de milliers de personnes et 10 000 petites entreprises qui n'atteignent pas la taille critique pour pouvoir exporter correctement. Nous devons regrouper ces entités pour être plus compétitifs. Se posera également, comme pour toute industrie utilisant peu de très haute technologie et incorporant peu d'innovations, la question du coût du travail, lequel est très pénalisant si on le compare à ceux de certains voisins européens.

S'agissant des neuf filières que nous avons identifiées comme les plus sensibles, dont le chanvre, le lin et la luzerne, nous travaillons à trouver des solutions.

En ce qui concerne les éco-territoires ruraux, je pense qu'il faut faire preuve de pragmatisme en adaptant un ou deux critères si l'on veut donner une chance au dispositif.

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