Je ne m'attarderai pas sur l'état de notre agriculture. Je rencontre dans ma circonscription aussi bien un éleveur de vaches à viande qui doit 17 000 euros à la MSA qu'une viticultrice qui exploite 12 hectares de Blaye Côtes de Bordeaux et se voit contrainte de demander le RSA parce que son vin reste dans son chai… Après l'industrie, c'est désormais l'agriculture qu'on saigne par la concurrence déloyale ! Vous avez convenu qu'il fallait encadrer les marges. Est-ce enfin un début de remise en cause du libéralisme ?
Vous êtes aussi le ministre de l'aménagement du territoire. Depuis son élection, le Président de la République démolit méthodiquement les services de proximité en zone rurale – fermeture des tribunaux, des perceptions, des services de santé… Dans le même temps, les populations les moins favorisées sont poussées hors des villes à cause des prix des terrains et des loyers. Elles sont otages de leurs voitures pour aller travailler. Or les prix du carburant ne cessent d'augmenter et il n'existe aucune alternative de transports en commun.
En ce qui concerne les zones de revitalisation rurale, le critère du dépeuplement n'est plus adapté : ce sont les territoires ruraux qui accueillent ces populations poussées hors des villes et qui n'ont pas les moyens de leur offrir les services indispensables – pour cela, ces territoires devraient être aidés.
Vous avez évoqué le partage de l'effort avec les collectivités territoriales. Permettez-moi de vous faire observer qu'en Gironde, la couverture numérique est actuellement assurée par un syndicat financé par le département et les intercommunalités. L'État ne devrait-il pas y prendre sa part ? Peut-on parler d'aménagement du territoire quand on casse les services publics au nom de la rentabilité ?