La première question abordée était choquante. Dès lors qu'il s'agissait d'un représentant de la République, le crime était si grave qu'il entraînait la déchéance. Pour le reste, l'affaire était pour le moins discutable. Mais si l'on a de l'empathie pour les victimes, n'est-il pas difficile de dire à une mère dont l'enfant a été violé que l'auteur du crime va être sanctionné, mais pas déchu de sa nationalité, alors que la veuve d'un policier assassiné verra l'auteur du crime déchu de sa nationalité ?
La leçon à tirer peut être valable au-delà même de cet hémicycle : on peut avoir de l'empathie pour les victimes, et je la crois sincère, surtout lorsqu'on est face à elles. Je connais l'argumentation, car elle a été soutenue devant moi : « Vous êtes sympathique, mais lorsque vous êtes face à la mère, à la femme ou aux enfants de la victime, ce n'est pas la même chose que lorsque vous êtes dans l'hémicycle ! » Je suis d'accord. Mais quand on est Président de la République, on a une responsabilité supplémentaire et on ne peut pas faire voter des lois sous le coup de l'émotion. Faute de quoi, ce sont de mauvaises lois et il est ensuite très difficile de se désembourber de ce genre de situation.