Depuis deux ans, le GICAN regroupe l'ensemble de l'industrie navale, tant de défense que civile. Ce secteur très actif présente trois niches d'excellence au niveau mondial : l'industrie navale de défense avec des produits destinés à la marine nationale et à l'export, les navires de passagers et la plaisance.
Avec un chiffre d'affaires annuel de 5 milliards d'euros et 50 000 emplois, ce secteur s'intègre dans le monde de la mer, qui représente dans son ensemble 300 000 emplois et 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires. C'est une filière importante et je me réjouis qu'elle ait été reconnue comme l'une des filières stratégiques par le comité national de l'industrie. Il s'agit également d'une industrie à très forte valeur ajoutée, ce qui renvoie à l'enjeu du maintien et du développement des compétences.
Irriguée par les grands contrats des frégates multi-missions (FREMM) et des sous-marins nucléaires d'attaque Barracuda, l'activité navale de défense est actuellement satisfaisante. Autour des grands industriels que sont DCNS, STX, Thales et EADS, elle rassemble de nombreuses PME et PMI, dont 30 % sont totalement indépendantes des grands groupes. C'est là un réseau qu'il nous faut conserver.
L'industrie navale a connu au cours des dernières années de très importants succès à l'exportation, sa part dans les exportations de matériels de défense, qui était de 15 % à 20 % au début des années 2000 est passée à plus de 30 % il y a cinq ans pour atteindre plus de 50 % en 2009 grâce aux contrats conclus avec le Brésil et l'Inde. Les perspectives d'avenir sont bonnes, avec les bâtiments de projection et de commandement (BPC) qui doivent être construits pour la Russie.
L'activité est néanmoins fragile du fait des contraintes budgétaires. Nous veillons à ce que les commandes passées soient maintenues afin de conserver la visibilité nécessaire à une industrie qui s'inscrit dans le long terme. Des programmes de sous-marins ou de frégates se construisent dans la durée, avec des temps de développement longs et la nécessité de réunir un grand nombre de compétences. Il importe de conserver ces savoir-faire qui doivent pouvoir bénéficier à la fois à la marine nationale et à nos exportations.
Le soutien politique est également très important pour assurer le succès des exportations. À la différence de l'aéronautique ou de l'industrie terrestre, l'industrie navale de défense repose moins sur des séries que sur des prototypes. Le soutien de la marine nationale à la promotion de l'industrie navale française à l'étranger est à cet égard très important. Nous attendons par exemple beaucoup de la campagne qu'effectuera cette année le Mistral à laquelle participe le GICAN : elle permettra de promouvoir notre industrie à travers le monde.
L'industrie navale française est bien évidemment ouverte à la coopération et y participe chaque fois qu'elle le peut. Cependant, malgré des actions engagées au niveau des équipementiers et des systémiers, la coopération n'est pas encore réellement en marche entre les grands maîtres d'oeuvre à l'échelle européenne et nous en sommes plutôt à une phase de préparation. Cette coopération sera pourtant indispensable, car l'Europe n'a pas les moyens de voir se perpétuer une telle multiplicité de maîtres d'oeuvre et de grands projets.
Enfin, ne l'oublions pas, l'avenir dépend du soutien dont bénéficieront nos futurs produits en termes de recherche et développement.