Monsieur le président, j'aurais pu aussi bien commencer par la seconde ! (Sourires.)
On entend beaucoup parler de vertu, d'exemplarité. Il serait bon, je crois, qu'on en parle moins et qu'on les pratique davantage. À l'heure où 49 % des Français estiment que le système de santé actuel ne permet pas l'égalité d'accès aux soins et où 23 % de nos concitoyens ont renoncé, l'année dernière, à se faire soigner faute d'argent, selon le Baromètre Cercle Santé réalisé par l'institut CSA en janvier 2011, il apparaît urgent de ressusciter le rapport de Mme Lemorton que certains ont, semble-t-il, voulu enterrer.
En parlant d'enterrement, je pèse mes mots. Il est en effet une coïncidence troublante, qui voit ce rapport de la mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale de l'Assemblée connaître le même sort – c'est-à-dire l'oubli – qu'un précédent rapport de la commission des affaires sociales du Sénat remis en juin 2006, qui traitait, lui aussi, des conditions de mise sur le marché et de suivi des médicaments. Et le rapport de l'IGAS d'août 2007, qui dénonçait les pratiques de l'industrie pharmaceutique et des visiteurs médicaux, n'a pas connu un sort plus enviable. À croire que, sur les bancs de nos hémicycles, la santé des Français est persona non grata.
Alors que nos concitoyens maigrissaient à grand renfort de Mediator et que plus de 1 000 d'entre eux succombaient à ses « effets indésirables », Jacques Servier, le patron des laboratoires du même nom, neuvième fortune professionnelle de France, avec un patrimoine de 2,9 milliards d'euros, continuait, lui, de s'engraisser tranquillement. Voyez l'évolution du chiffre d'affaires du laboratoire Servier. (M. Jean-Pierre Brard brandit un écriteau portant une courbe géométrique.) Je n'ai pas les chiffres des dividendes, mais ils progressent de la même façon. On s'enrichit donc de la mort qu'on diffuse. Je n'ai pas entendu d'acte de contrition ni de M. Servier ni des actionnaires. D'ailleurs, pourquoi feraient-ils contrition ?