En ma qualité aussi bien de médecin généraliste – depuis quarante ans – que de maire – depuis vingt ans –, je suis un peu effrayé par le tour que prend cette discussion, car ce que je viens d'entendre prouve que la situation de terrain n'est pas bien connue – les phénomènes de débilité mentale, aggravés par l'hérédité, l'alcool, les drogues. À cet égard, la notion de péril imminent correspondant aux situations auxquelles nous sommes confrontés, où l'urgence est de protéger la personne et son entourage : en l'absence de crise, en effet, la famille est souvent réticente à considérer la personne en question comme malade.
Je m'interroge en tout cas sur l'intérêt de faire intervenir le juge, alors que le système actuel, qui prévoit un certificat médical avant l'hospitalisation, puis une visite médicale, fonctionne à peu près bien. La vérité est que la psychiatrie est une discipline en perdition, qui souffre de la désaffection des étudiants en médecine. Aujourd'hui, la moitié de nos psychiatres sont roumains et incapables de parler français, et la pénurie frappe notamment les experts auprès des tribunaux. Je ne conteste pas la nécessité d'une enquête afin de savoir ce qui a déclenché la situation d'urgence. Il faut cependant prendre garde à ne pas remettre en cause un système qui fonctionne : au juge de juger, au médecin de soigner.