Par votre intermédiaire, je voudrais que la France, exécutif et législatif réunis, manifeste sa solidarité à l'égard de tous les habitants de la Côte d'Ivoire.
Je tiens à condamner les affrontements et la violence qui sont parfaitement inadmissibles. Dans certains quartiers d'Abidjan – celui d'Abobo en particulier –, il y a beaucoup de violences, la tension est extrême et la situation peut encore se dégrader à tout instant. Il faut vraiment faire très attention.
Par ailleurs, nous renforçons nos partenariats avec les pays et les organisations afin de lutter contre certaines menaces. Dans la bande sahélo-saharienne, les actions d'AQMI ont ciblé plus particulièrement notre pays. La représentation nationale ne peut avoir oublié l'assassinat de nos deux jeunes compatriotes au mois de janvier. Si trois de nos otages ont heureusement été libérés à la fin de la semaine dernière, il en reste encore quatre dans cette zone, en plus des deux journalistes enlevés en Afghanistan et d'un autre compatriote en Somalie. Ayons une pensée pour ces sept otages et leurs familles.
C'est une vraie menace que nous prenons tous très au sérieux, en sachant que la réponse ne peut être seulement sécuritaire. Il doit y avoir un lien entre la politique de développement et la sécurité. Il faut aussi que les États concernés puissent réinstaller leur présence, peut-être d'une manière plus marquante, dans le nord de ce secteur géographique. Il faut aussi que l'on puisse créer de vrais pôles de développement et relancer l'agriculture et l'élevage, comme certains d'entre vous l'ont évoqué.
La France est engagée aux côtés de ces pays et de ceux de la sous-région pour combattre le terrorisme et accompagner le développement. Mesdames, messieurs les députés, je veux vous rappeler que, depuis 2008, nous avons consacré environ 350 millions d'euros au développement de cette seule zone, grâce notamment à l'Agence française de développement qui constitue un formidable outil de notre politique.
Je n'oublie pas le soutien que nous apportons à l'Union africaine en Somalie dans ses actions de lutte contre tous les trafics. Sur ces questions d'intérêt commun, nous plaidons pour la mise en place de politiques concertées, qui mobilisent des fonds européens – je sais qu'il s'agit d'une préoccupation de l'Assemblée nationale. La France joue son rôle dans la mobilisation de l'Union européenne sur les enjeux africains et elle obtient des résultats concrets.
Notre pays a fait de réelles propositions sur des sujets majeurs : il a été à l'origine de l'opération EUFOR au Tchad et au nord de la République Centrafricaine, du lancement de l'opération navale Atalante au large des côtes somaliennes à compter de 2008 et de la création de la mission EUTM qui forme les troupes somaliennes en Ouganda.
Atalante a permis de réduire le nombre d'attaques de pirates, même si l'on en a dénombré encore quarante au cours des premiers mois de l'année 2010. Ces opérations sont doublées d'un appui de l'Union européenne à l'État de droit et au développement économique : 215 millions d'euros y ont été consacrés depuis 2009.
C'est aussi la présidence française de l'Union européenne qui a permis au dossier sahélien d'enregistrer des avancées. À notre initiative, huit ministres européens ont cosigné une lettre demandant à Mme Ashton l'élaboration d'une stratégie politique de l'Union européenne au Sahel. La France a très largement contribué à l'élaboration de la réflexion au niveau de l'Union européenne. Nous espérons que la Haute représentante, Mme Ashton, pourra présenter la stratégie Sahel de l'Union européenne lors du conseil des ministres des affaires étrangères du 21 mars prochain. En tout cas, nous faisons pression pour que cette date puisse être préservée.
Quatrième et dernier point : face à ces nouveaux enjeux, nous avons tenu nos engagements et adapté nos aides. L'aide publique au développement reste un outil d'influence capital.