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Intervention de Jean-Marc Ayrault

Réunion du 2 mars 2011 à 15h00
Débat sur les rapports entre la france et le continent africain

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marc Ayrault :

Certainement pas au nom de ce vieux pays, le nôtre, qui s'est rassemblé il y a huit ans, pratiquement jour pour jour, pour revendiquer son désaccord avec le président Bush et dire non à la guerre en Irak ! Nous étions fiers, alors, d'être rassemblés pour le faire. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Comment redonner force à notre réseau diplomatique quand se développe le sentiment que le critère du professionnalisme est progressivement remplacé par celui de l'allégeance ? Notre appareil diplomatique est déconsidéré par ces prises de positions inopportunes alors même que sa capacité d'analyse reste intacte. La machine tourne sur elle-même sans rencontrer l'oreille du pouvoir, lequel lui a substitué la nébuleuse des courtisans, des réseaux parallèles, des intermédiaires discrets et des officines opaques.

Comme l'ont rappelé les diplomates regroupés sous le pseudonyme de Marly, « la politique suivie à l'égard de la Tunisie et de l'Égypte a été définie à la présidence de la République sans tenir compte des analyses de nos ambassades. C'est elle qui a choisi MM Ben Ali et Moubarak comme “piliers sud” de la Méditerranée [...] à l'écoute des diplomates bien des erreurs auraient pu être évitées, imputables à l'amateurisme, à l'impulsivité, et aux préoccupations médiatiques à court terme [...] Les diplomates français n'ont qu'un souhait : être au service d'une politique réfléchie et stable ».

Comment mieux dire que, depuis trois ans, le Président de la République a toujours fait prévaloir ses intérêts électoraux sur les enjeux de politique étrangère, à faire prévaloir ses intérêts de politique intérieure sur les intérêts supérieurs de la France. Nous pourrions d'ailleurs ajouter à la tribune de ces diplomates que les débats intérieurs n'ont pas non plus été sans conséquences non plus sur notre rapport au monde.

L'étranger – souvenez-vous du discours de Grenoble – est présenté comme indésirable. L'immigré est assimilé à un délinquant. Tous sont vus comme une menace pour notre identité, et l'on ne trouve rien de mieux que d'organiser le mois prochain un nouveau débat non pas sur l'identité nationale mais sur l'islam…

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