Ainsi, je préconise l'extension du prix unique du livre numérique aux plates-formes étrangères avec la suppression, à l'article 3, de la mention « établies en France ».
Rappelons aussi que la Commission européenne a émis deux avis négatifs sur la proposition de loi telle qu'elle nous est soumise et sur le texte voté au Sénat, en raison des exceptions qu'ils comportent aux directives « Services » et « e-commerce ».
Le rapport Gaymard indique que le Gouvernement envisagerait de porter le dossier à Bruxelles le 24 février prochain, afin de faire admettre qu'il est possible d'appliquer la loi du pays de consommation du service à la vente en ligne. Ce débat nous renverrait à la révision de la directive « e-commerce » en 2015. Il est évident que les libraires ne peuvent attendre cette issue incertaine.
Il nous faut sauver la librairie nationale, conserver nos valeurs culturelles. Tant les éditeurs que les libraires se doivent d'organiser le changement engendré par cette révolution numérique. Ils ne peuvent le subir. Le travail méconnu de l'édition, de mise au point du manuscrit est gage de la qualité des oeuvres. La variété de l'offre chez un libraire est aussi gage de la satisfaction du lecteur.
Je suis, comme la majorité de mes collègues, de la génération du livre papier. Je ne suis pas contre cette évolution mais il faut pouvoir garder, avec cette révolution, avec cet autre support virtuel, informatique, numérique, la magie de la lecture. Un livre, qu'il soit sous une forme numérique ou papier, doit toujours pouvoir nous transporter dans un autre univers, nous faire rêver, voyager ou fantasmer. La vertu paradoxale de la lecture est de nous abstraire du monde pour lui trouver un sens, affirme Daniel Pennac.
Enfin, il ne faut absolument pas occulter les retombées économiques et sociales de cette révolution. Le support papier, de la forêt à la fabrication même de la feuille, l'impression et le recyclage, en passant par les emplois liés à l'édition et à la distribution des livres, représente 300 000 emplois. Notons aussi qu'aux États-Unis, le secteur en question commence à payer la montée du numérique, et souffre de ne pas avoir anticipé cette révolution. Le libraire américain Borders est sur le point de déposer le bilan et a annoncé, cette semaine, la fermeture de 250 de ses 674 magasins. Quant à Apple, il met la pression aux éditeurs, en voulant intégrer les applications permettant d'acheter des livres avec son propre système de facturation, et ce, évidemment, en prélevant un droit de passage de 30 % sur chaque achat. Et je ne vous parle pas des conditions de travail des ouvriers qui fabriquent en Asie le matériel numérique.
C'est la raison pour laquelle il faut absolument organiser et anticiper cette révolution au mieux pour l'ensemble des acteurs. N'oublions pas qu'un livre, c'est un peu comme un homme politique en démocratie : il n'est rien sans l'électeur. (Sourires. – Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)