Je connais la position de mes collègues, dont je ne partage pas l'analyse. Si je constate moi aussi l'omniprésence américaine, je pense que nous sommes là pour la tempérer. Sur certains sujets, des membres issus d'autres pays parviennent sinon à créer un contre-pouvoir, du moins à opérer un mouvement de balancier qui démontre que des alliés et partenaires peuvent développer une pensée originale. Depuis leur retour dans la structure intégrée, les Français sont mieux considérés. Le temps où on les ignorait systématiquement quand ils levaient la main est révolu.
Le contact avec certains pays européens qui siègent à l'Assemblée révèle les réticences que suscite l'Europe de la défense. Estimant que leur participation à l'OTAN les dispense de tout autre effort pour protéger leur territoire et leur population, ils jugent inutile d'accomplir une démarche complémentaire vis-à-vis de l'Union européenne.
Notre réflexion en matière d'Europe de la défense peut néanmoins se développer sur trois plans.
Premièrement, il faut évoquer le partenariat franco-britannique, permis par le retour de la France dans la structure intégrée de l'OTAN et qui facilite le maintien des capacités nucléaires de la Grande-Bretagne.
Deuxièmement, le sommet du triangle de Weimar et les courriers échangés entre Mme Ashton et les ministres de la défense et des affaires étrangères français, polonais et allemands, montrent l'importance des groupes pionniers pour la construction de l'Europe de la défense.
Troisièmement, il faut souligner les problèmes posés par le paquet défense – qui ne garantit pas à tous des conditions de concurrence égales – et par l'Agence européenne de défense et l'Organisme conjoint de coopération des programmes d'armement. Je ne suis pas sûr que leur partenariat soit productif. Une fusion serait sans doute préférable pour offrir à l'Europe de la défense un véritable outil industriel. Sur ces sujets, notre réflexion s'enrichit des échanges et des expertises que nous permet notre présence à l'Assemblée parlementaire de l'OTAN.
Par ailleurs, en tant qu'homme du Sud, j'ai une vision particulière de la Méditerranée, passage obligé de 90 % de la circulation maritime mondiale et lieu de tous les dangers. Dans une période de crise politique, l'existence du groupe Méditerrranée-Moyen Orient prend tout son sens. Les rencontres qu'il permet aideront peut-être à construire un espace méditerranéen et moyen-oriental apaisé, serein et constructif.
Je citerai pour finir la réponse que le secrétaire général, M. Rasmussen, a apportée à notre résolution intitulée Édifier un ordre international plus stable et plus prospère :