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Intervention de Jean Michel

Réunion du 9 février 2011 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Michel :

L'OTAN a été créée en 1949 pour répondre à la menace de l'Union soviétique, le pacte de Varsovie n'ayant été fondé, par réaction, qu'en 1954. C'est donc au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans un contexte marqué par l'affrontement de deux idéologies – le capitalisme libéral et le communisme totalitaire –, et par conséquent de deux blocs, que l'Europe, soucieuse de se prémunir contre une menace réelle, s'est retrouvée sous l'égide des États-Unis.

Le premier pays à s'être détaché de cette « sainte alliance » a été la France, où se situait le siège de l'OTAN. Notre pays était d'ailleurs celui d'Europe où était basé le plus grand nombre de troupes américaines. En 1966, après avoir écrit au Premier ministre britannique Harold MacMillan et au président des États-Unis Lyndon Johnson, le général de Gaulle a décidé de quitter l'OTAN. C'est dans ce contexte qu'a été créée l'Assemblée de l'Atlantique Nord, que nous sommes sortis du commandement intégré et que l'OTAN a transféré son siège à Bruxelles.

Par la suite, après la dissolution du pacte de Varsovie, quand le président George H. W Bush et le président Mitterrand se sont rencontrés, le premier a affirmé que l'OTAN pouvait désormais disparaître. Le second lui a fait observer qu'il reviendrait bientôt sur cette idée car l'OTAN était un moyen pour les États-Unis de conserver leur influence sur l'Europe.

D'ailleurs, les réunions sont entièrement préparées par le secrétaire général qui est un Américain et est donc évidemment favorable aux Etats-Unis. Il s'agit alors de « grand-messes », fait qui a été particulièrement perceptible lors de l'accueil des anciens pays satellites de l'Union soviétique, devenus aujourd'hui des « affidés » des États-Unis et qui font moins de cas de leur intégration à l'Union européenne que de leur adhésion à l'OTAN, laquelle était pour eux un espoir de liberté à l'époque du bloc soviétique. Ils ont en fait abandonné un joug pour un autre.

Les Anglo-Saxons ne cessent de donner des leçons aux pays qui veulent accéder à la démocratie. Par exemple, à la Commission sur la dimension civile de la sécurité, ils ont donné à la Georgie de très nombreux conseils sur la manière d'organiser les élections. J'ai tout de même fait remarquer qu'il fallait se méfier des machines à voter, si l'on voulait connaître les résultats en moins de trois semaines et s'épargner le recomptage des voix !

Je regrette que d'aucuns abandonnent si volontiers leur indépendance, sans doute pour s'épargner de lourdes dépenses au niveau national. Cette attitude peut s'expliquer de la part des Britanniques, qui considèrent les Américains comme de lointains cousins. Elle surprend davantage de la part des grands pays européens comme l'Espagne, l'Allemagne ou l'Italie. Car le déséquilibre stratégique saute aux yeux : on comprendrait que les Américains soient basés en Europe si les Européens l'étaient aux États-Unis ou au Canada. Dans une alliance, la réciprocité est essentielle. Enfin, entre le sommet de Washington de 1999 et celui de Lisbonne en 2010, l'OTAN a étendu à l'excès ses activités. En quoi est-elle concernée par la lutte contre le terrorisme, qui ne mobilise pas l'armée comme la défense nucléaire ou la défense antimissile, et qui est manifestement du ressort des nations ?

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