Vous vous demandiez, monsieur Guibal, si le capitalisme produit nécessairement la démocratie. Il se trouve que le capitalisme chinois est d'une autre sorte que le nôtre, en ce sens qu'il est très difficile d'être un capitaliste sans être à l'ombre de l'État-parti, singulièrement dans les provinces. Toutefois, un facteur joue : l'augmentation des revenus. Pour avoir vécu en Chine de 2002 à 2007, j'ai constaté en personne que quand les gens ont plus d'argent ils ont plus de loisirs, plus de liberté, plus de temps pour penser… et ils le font. Il est maintenant possible de parler du régime, même assez durement, dans la presse. Une anecdote permet de mesurer l'évolution intervenue. J'avais connu lors de mon séjour à Pékin un chauffeur de taxi qui n'était jamais sorti de la ville, ni sa femme de son quartier. Lorsque je l'ai retrouvé en janvier 2010, il revenait d'un voyage itinérant en Thaïlande, se préparait à partir en Inde, n'écartait pas l'idée de me visiter en France et exprimait une opinion circonstanciée sur le Président Sarkozy…