Les débats sont permis, monsieur Myard, aussi longtemps qu'ils ne touchent pas à la politique. Les Chinois sont libres de parole à condition que leurs propos ne soient pas diffusés, et j'ai même été frappé récemment de constater que la mise en cause vague de la politique des dirigeants est désormais possible. Dans le même temps, on constate depuis deux ou trois ans un durcissement constant de la répression des activistes déclarés ; ceux-là sont incarcérés, parfois enlevés pour être détenus incommunicado. Sur la peine de mort, le débat est en panne. Il avait été question de réduire le nombre des condamnés en diminuant les incriminations entraînant cette sanction – pour être précis, de retirer de la liste les délits économiques et la corruption ; on a pris prétexte de l'impopularité d'une telle mesure pour ne pas réduire le champ d'application de la peine de mort.
Les États-Unis ne savent comment obtenir ce qu'ils souhaitent en matière de renforcement des droits de l'homme ; même si, lors de la visite aux Etats-Unis du président Hu Jintao, le président Obama a été plus net que les dirigeants européens à ce sujet, il n'a pas obtenu davantage.
Monsieur Christ nous a interrogés sur les délocalisations et la hausse des salaires. Il est vrai que dans les moments de surchauffe de l'économie la main d'oeuvre peut chercher à s'employer là où elle est le mieux payée. Mais on est loin d'en être là, et la thèse selon laquelle dès 2013 on ne trouverait plus en Chine assez de gens en âge de travailler ne me convainc pas, car le pays a utilisé sa richesse à l'intégration de son territoire, construisant 50 000 km d'autoroutes et 10 000 km de voies de train à grande vitesse, des aéroports et des ports intérieurs pour porte-conteneurs. De ce fait, si les entreprises estiment que la main d'oeuvre des régions côtières est trop payée, elles peuvent se replier 2 000 km à l'intérieur des terres.
Sur un tout autre plan, on peut évoquer le mouvement de relocalisation des entreprises occidentales voulant protéger leur propriété intellectuelle. Les Japonais, les premiers, ont renoncé à des transferts en Chine dans de nombreux domaines et en particulier ce qui concerne les énergies alternatives – marché de dupes.