Pour ce qui est des relations entre la Chine et ses voisins, monsieur Guibal, un proverbe chinois dit « l'esprit le veut mais la chair est faible »… Ces pays ont un dilemme : ils voudraient se protéger de la Chine et ils font appel aux États-Unis pour cela, mais ils ont aussi besoin que la locomotive de l'économie régionale continue sur sa lancée. Cela étant, ils ne sont pas mus par des considérations d'ordre politique ; si les Indiens, les Coréens du Sud et les Japonais ont envoyé une délégation à Oslo pour la remise du Prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo, ce n'est pas pour promouvoir la démocratie mais pour dire à la Chine qu'ils en ont assez de ses revendications territoriales et des incidents qu'elle provoque à ce sujet. C'est donc une politique à courte vue.
Une chose est, selon moi, beaucoup plus importante : l'impossibilité qu'il y a à poursuivre ce développement dans le schéma actuel. La croissance de l'économie chinoise a profité à beaucoup dans un premier temps, mais on en est arrivé au point où, dans les grandes villes, le prix de l'immobilier est la moitié de ce qu'il est à Paris ; c'est hors de portée, non seulement pour les plus pauvres mais aussi pour les classes moyennes et les diplômés, car les salaires sont très loin d'avoir progressé dans les mêmes proportions. On ne cesse de répéter que les salaires chinois ont augmenté, mais on oublie d'ajouter que dans le même temps les prix alimentaires se sont renchéris de 50% et ceux de l'immobilier de 45% dans les mégapoles : on a là le réservoir de grandes tensions sociales, et c'et un phénomène nouveau.