Arrivés à ce stade du débat, nous allons essayer de faire simple, monsieur Mariton.
Si je comprends bien, la destruction d'embryons porteurs d'une maladie génétique ou surnuméraires est autorisée, alors que l'utilisation des cellules souches prélevées sur ces mêmes embryons est discutée. Selon moi, pourtant, la recherche sur les cellules souches ne porte pas atteinte à la dignité humaine, pour deux raisons principales.
La première, c'est que la recherche est une valeur et est souhaitable en tant que telle.
La seconde – Jean-Yves Le Déaut l'a bien expliqué –, c'est que la médecine n'a progressé qu'en faisant de la recherche, portant sur tous les âges de la vie humaine. Vous qui voulez considérer l'embryon comme une personne, ou quasi, comment pouvez-vous défendre l'idée que la recherche est possible à tous les âges de la vie humaine sauf sur l'embryon ?
Bien sûr, cette recherche sur les cellules souches doit être encadrée, au moins sur deux points : en veillant à ce qu'elle n'ait lieu que sur des embryons surnuméraires quand il n'y a plus de projet parental et en s'assurant qu'il n'y ait pas de création d'embryons à visées de recherche.
Dès lors, monsieur Mariton, je souhaite vous poser une dernière question, pour vous inviter à vous interroger – je m'interroge du reste moi-même. Je reprendrai pour cela les paroles d'Axel Kahn, que nous avons entendu en commission. « C'est aux députés de nous dire quelle est leur vision de l'homme », nous a-t-il indiqué. Et dans un quotidien, avant-hier, je crois, il posait la question suivante : « Vaut-il mieux laisser l'embryon dans un congélateur, le détruire purement et simplement, ou bien mener des recherches dont on espère une forme de solidarité : aider des couples stériles, éviter les troubles du développement du foetus, traiter des maladies ? »
Je n'arrive pas à comprendre votre point de vue. En quoi la conservation de l'embryon puis, à terme, sa destruction témoignent-elles, selon vous, d'un plus grand respect de sa singularité que la possibilité de son utilisation à des fins médicales ? Mes chers collègues, je vous le dis très sincèrement, quelle qu'ait été la qualité de ce débat, je ne trouve pas dans vos propos de réponse à cette question. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)