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Intervention de Jean-Louis Touraine

Réunion du 10 février 2011 à 22h00
Bioéthique — Avant l'article 23, amendement 188

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Touraine :

…et seule la cellule souche embryonnaire a des capacités infinies d'auto-renouvellement et des possibilités totales de différenciation. Ce n'est qu'en étudiant la biologie cellulaire et moléculaire de ces cellules que l'on pourra obtenir des réponses à nombre de questions. Il n'est pas possible d'y échapper. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'Agence de la biomédecine a donné une autorisation à la plupart des dossiers qui lui ont été soumis.

Il est faux d'affirmer que ces recherches ne sont pas fructueuses, sauf à penser que les chercheurs soient fous. À Bethesda, lieu qui, dans le monde, compte le plus grand nombre d'équipes de recherche, la moitié des centaines et des centaines de laboratoires de biologie travaillent sur des cellules souches et tous obtiennent des résultats mondialement reconnus qui ont fait grandement avancer la connaissance.

Il est vrai que l'on ne peut pas dire cela en France parce que notre législation a freiné la recherche. Il n'est, en conséquence, pas vrai non plus de dire que nous n'avons pas pris de retard. Ce retard a été évalué par une chercheuse internationale qui travaille à l'hôpital Necker : Mme le professeur Marina Cavazzana, qui a développé les premières thérapies géniques sur les enfants atteints de déficits immunitaires congénitaux. Elle estime que la recherche dans notre pays est en retard de dix à quinze ans et que, si la législation actuelle est maintenue, ce retard passera à vingt-cinq ans. C'est la raison pour laquelle elle va d'ailleurs probablement quitter notre pays comme beaucoup d'autres chercheurs qui sont, aujourd'hui, installés à l'étranger. Nous ne pouvons donc pas nous appuyer sur les déclarations des chercheurs qui sont restés en France, mais sur ceux qui font de la recherche sur les cellules souches et qui ont dû s'expatrier pour avoir des conditions de travail opportunes. Ils sont les seuls à pouvoir nous dire quel est le niveau de déficit de notre législation. Le retard que nous accumulons va, passé un certain seuil, se révéler insurmontable. Nous devons avoir conscience de ces vérités au moment où nous allons nous prononcer sur cet amendement.

Enfin, il me paraîtrait opportun de ne pas exprimer en permanence un tel niveau de défiance vis-à-vis de la communauté des chercheurs. Il ne faut plus diaboliser le progrès, la recherche scientifique, la recherche biologique et la recherche médicale. Comme toute recherche, la recherche biologique et médicale peut, bien évidemment, apporter le meilleur ou le pire, mais nous avons la possibilité de l'encadrer et de n'en obtenir que le meilleur. En revanche, nous adresserions un message extrêmement négatif à toute la communauté des chercheurs en biologie et en médecine si nous maintenions l'interdiction avec dérogations. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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