Il est bon que nous ayons eu ce débat. Si nous n'avions pas déposé ces amendements de rétablissement il serait resté dans le cadre de la commission spéciale, ce qui est utile, mais il est important que ceux de nos concitoyens qui s'intéressent à ces sujets puissent en avoir les échos vianos discussions.
Je comprends que chacun puisse exprimer, sur cette question comme sur toutes celles que nous abordons aujourd'hui, des doutes, des incertitudes, et que nous fassions preuve de certains errements quant à la « vérité » qu'il faut trouver à un moment donné puisqu'il convient de prendre position. Cette question de la levée de l'anonymat ne m'a d'ailleurs jamais paru évidente et c'est après un raisonnement que j'ai essayé de reconstituer, que je suis parvenu à ma conclusion.
Néanmoins, ce doute, cette interrogation, ce tâtonnement intellectuel ne peut pas être le prétexte à une forme de statu quo ou d'inertie à laquelle on trouverait plus de mérite que la pérégrination intellectuelle et morale qui est la nôtre. Si nous avons choisi de débattre sur les sujets de bioéthique c'est que nous savons qu'ils sont mouvants parce que la société change, parce que la médecine et la recherche progressent. Ces interrogations nous serons répétées en permanence. Nous devrons à chaque fois nous reposer les questions que nous pensions écartées à un moment donné.
Si je suis arrivé à la conclusion que j'ai évoquée tout à l'heure, qui est aussi celle de M. Le Fur même si les prémices ne sont pas les mêmes – j'insiste notamment sur le fait que je parle non pas de famille biologique, mais d'une personne qui est un tout, avec ses origines et sa constitution biologique et génétique, avec son parcours social, son cadre affectif et psychologique –, c'est que je ne vois pas comment on peut bâtir sur le secret un dispositif concernant la vie de citoyens de ce pays. Je peux comprendre l'existence du secret lorsque nous n'avons pas la capacité d'apporter des réponses. Certains collègues, notamment sur les bancs socialistes, ont indiqué qu'il fallait admettre que certaines questions n'aient pas de réponse. Elles relèvent du mystère et nous pouvons les interpréter chacun à notre manière.
Il est ainsi des questions sans réponse sur les origines de la vie en général, sur ce qui se passera après la vie, sur la façon dont nous pouvons déterminer nos propres comportements, au regard de quels principes, et sur l'influence qu'ils exercent. Ce sont des mystères, mais il n'y a pas de mystère pour la société s'agissant de l'origine des enfants dont nous parlons. Ces origines, la société les connaît, elle les archive. Ces « secrets » sont disponibles pour autant que l'on veuille bien les ouvrir et les rendre accessibles aux premiers concernés, c'est-à-dire aux enfants.
Je vais revenir sur les arguments que l'on m'oppose, car on me les a resservis bien que j'y aie répondu au moment de ma présentation.
On a d'abord avancé que la levée de l'anonymat engendrerait un désordre et qu'une injustice est préférable au désordre.