Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Michel Françaix

Réunion du 25 novembre 2008 à 15h00
Communication audiovisuelle et nouveau service public de la télévision nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Exception d'irrecevabilité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Françaix :

Revenons-en aux taxes. Passons sur le fait qu'elles posent des questions de distorsion de concurrence, qu'elles vont se répercuter sur le consommateur et induire une perte de pouvoir d'achat pour chaque citoyen. Passons aussi sur le fait qu'elles ne sont pas affectées. Outre ce bricolage, si la logique du système veut que les écrans de téléphone et d'Internet représentent l'avenir de la télévision et contribuent à financer l'audiovisuel public, on renonce à leur demander de participer aussi au financement des créations.

Quant au montant de la taxe des chaînes privées, il baisse chaque jour. Notons qu'avec ce système, le financement des chaînes publiques dépend en partie de la santé des concurrents. Aussi étonnant que cela puisse paraître, le service public a intérêt à une augmentation de l'audience de TF1, synonyme d'accroissement de la publicité sur cette chaîne et donc de la taxe destinée à son propre financement. C'est vraiment totalement anachronique.

Mais la droite est prête à tout pour aider TF1. Pourtant, seule l'indépendance garantit une réelle démocratie et apporte aux citoyens une diversité de points de vue sur la société, diversité qui leur permet de se forger leur propre opinion et d'être des acteurs émancipés de cette même démocratie. C'était ce principe fondamental de la sauvegarde du pluralisme des courants d'expression qui avait conduit à l'instauration d'un dispositif anti-concentration, dispositif que vous avez décidé de remettre en cause.

Dans le même temps, nous constatons une proximité croissante des médias et du pouvoir qui favorise les groupes privés, notamment ceux qui dépendent des commandes publiques de l'État, au détriment du pluralisme et de l'indépendance. Toutes les réformes annoncées vont dans le même sens : remise en cause du dispositif anti-concentration et du droit d'auteur des journalistes ; affaiblissement des ressources de France Télévisions ; renforcement de celles des chaînes privées par l'accroissement de leur régime publicitaire ; nomination et révocation, enfin, du président de France Télévisions.

Ces mesures présentées pour renforcer la solidité des entreprises du monde culturel et des médias ont en fait des conséquences désastreuses sur l'économie fragile du monde artistique et créatif. Vous le savez bien : le risque encouru est celui du formatage, car la concentration induit l'uniformisation.

Or, si la France a bien une richesse, c'est celle qui vient de ce que, depuis toujours, elle a su préserver la culture au coeur de son modèle de société. Non seulement vos réformes ne garantissent en aucun cas un mieux-disant économique, mais elles balaient de manière désinvolte l'idée, entérinée par la Convention de l'UNESCO sur la diversité culturelle, selon laquelle les entreprises du secteur culturel ne sont pas des biens comme les autres.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion