Mais l'on ne peut pas s'y refuser sur le fondement d'une conception de la parentalité déjà très largement transformée.
L'exemple de la levée de l'anonymat du tiers donneur est plus parlant encore. On nous dit qu'il faudrait la rejeter pour ne pas risquer de créer un conflit juridique, facilement évitable, ou psychologique – plus complexe – de filiation. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Mais, dès lors qu'il est acquis que le père et la mère sont ceux et seulement ceux qui ont noué autour de la naissance de l'enfant attendu un véritable projet parental, le risque me paraît écarté.
L'on nous dit alors que ce risque va décourager les donneurs. Mais n'est-ce pas d'abord l'intérêt de l'enfant qu'il faut privilégier ? Et si l'on recourt au don, n'est-ce pas pour aboutir à la naissance d'un enfant dont le droit doit primer sur toute autre considération ? C'est du reste ce que les conventions internationales ont affirmé et réaffirmé en donnant à l'enfant le droit de connaître ses origines. Et pourquoi l'ont-elles fait ? Parce que l'on considère qu'une personne est un tout – affectif, social, biologique.
Il en va de même pour le donneur : le don n'est pas un acte neutre et, à ce titre, condamné à l'anonymat. Sur le plan moral et, pour le coup, biologique, il est don de soi. Assimiler les gamètes à un simple matériel génétique reviendrait à contredire cette idée, qui ne cesse de s'imposer dans toutes les réflexions bioéthiques, selon laquelle l'individu est un tout, si bien qu'en séparer les éléments le priverait d'une partie de son humanité.