Comme la formule elle-même ; je l'ai dit.
Ce désir d'enfant correspond à une évolution profonde de notre société. Il n'est certes pas nouveau : la valorisation de la place de l'enfant dans la société est apparue dès le xviiie siècle, pour ne plus cesser de croître en importance. Ce désir était cependant contenu tant qu'il se heurtait à un obstacle médical ou biologique. Mais, dès que cet obstacle a pu être levé, cette demande a repris naturellement son expansion.
C'est à elle qu'a répondu la médecine par les progrès formidables que représente la fécondation in vitro, du prélèvement de gamètes sur le ou les conjoints à l'intervention d'un tiers donneur, voire au don d'embryon. Simultanément, on est passé assez naturellement, comme selon un processus continu, de l'assistance médicale à la procréation pour les couples mariés à son extension, bientôt, aux couples pacsés et demain, probablement – j'allais dire nécessairement, par souci de non-discrimination –, aux couples homosexuels.
Il n'y a du reste aucune contradiction entre l'individualisation croissante de notre société, que nous constatons, et la volonté de fonder une famille. Au contraire, on pourrait presque dire que plus notre société devient individualiste, plus chacun souhaite se singulariser, et plus il souhaite en même temps constituer ce groupe social fondamental, initial, qu'est la famille. À condition, naturellement, qu'on ne lui donne pas un sens restreint, une définition ancienne, sans doute respectable, mais qui ne correspond plus à l'évolution de notre société.