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Intervention de Aurélie Filippetti

Réunion du 9 février 2011 à 15h00
Bioéthique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAurélie Filippetti :

Pour notre part, nous laïcisons le rapport à la vie, à la famille, à la parentalité. C'est ainsi que nous remettons l'amour et la volonté éducative, la transmission, au coeur de la véritable identité de l'individu.

Nous refusons le diktat d'un naturalisme exacerbé qui enferme l'homme dans son animalité. Nous proclamons que l'humain est irréductible à la seule nature qui lui a permis de voir le jour. Au même titre que les oeuvres de l'esprit, que l'art, que la culture, que la science, nous construisons notre parentalité, notre rapport à la famille, aux enfants, en tant qu'individus responsables et adultes. Nous avons confiance en l'être humain plutôt qu'en un dieu plus ou moins caché aux ordres duquel nous devrions obéir.

À cette aune, il est évident que la recherche est un impératif au service duquel nous devons permettre des avancées dans le travail sur les cellules souches embryonnaires. Il est en effet primordial de mener sur ces cellules des recherches cognitives lorsqu'elles sont susceptibles de permettre des progrès scientifiques et médicaux majeurs.

L'humanité s'élève par son émancipation des contraintes, et les chercheurs ne doivent pas être soumis à des pressions idéologiques ou religieuses, dès lors que, comme nous le souhaitons, leurs recherches seront encadrées par l'Agence de biomédecine.

Je ne répéterai pas ce qui a été exposé par mes collègues sur l'AMP ni sur le scandale et le danger de vouloir limiter à trois le nombre d'embryons congelés. Mais, comme nous ne savons pas quand aura lieu le prochain débat sur la bioéthique, je voudrais poser certaines questions, notamment sur la connaissance des origines.

Il est pour ma part douloureux de renoncer au débat sur la levée de l'anonymat du don de gamètes. La culture du secret est selon moi le pire des dénis car, niché dans le secret, il y a le risque de la honte. Mais nous devrons attendre encore quelques années. Idem en ce qui concerne la gestation pour autrui. Seul le temps résoudra ces problèmes. Ce n'est pas une avancée pour notre pays. Mais les années passant, les mentalités changeront, et les majorités aussi.

Les réactions très violentes que nous avons entendues ici ou là sur ces sujets traduisent une peur. Face à cette peur, la méthode souvent employée est celle de l'autruche, du déni, du refus de voir que la société a déjà évolué. Oui, il existe des enfants élevés par des parents homosexuels, donc l'homoparentalité existe. Oui, il existe des familles recomposées. Il existe aussi des monoparents, qui élèvent seuls leurs enfants, et ce depuis très longtemps. Le déni social, c'est la pire des choses à faire à ces enfants. C'est cela, et cela seulement, qui les stigmatise.

De même, on ne peut prétendre mettre l'enfant au coeur de nos préoccupations tout en refusant les amendements proposés par le groupe socialiste sur l'état civil des enfants nés d'une gestation pour autrui à l'étranger. S'intéresse-t-on réellement ici au sort de ces enfants ?

À titre individuel, je considère que ce droit s'étend aussi aux enfants qui souhaitent connaître l'identité du donneur de gamètes qui leur a permis de naître. À mes yeux, cela ne remettrait en cause ni le lien avec leurs parents, ni la possibilité d'augmenter le nombre de donneurs, hommes ou femmes.

La majorité a une vision trop figée de la famille, un archétype totalement en décalage avec la réalité protéiforme des familles d'aujourd'hui. Vous nous accusez souvent de vouloir détruire la famille ; au contraire, nous élargissons son champ.

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