C'est l'ère de la responsabilité, qui est le corollaire indispensable de la liberté.
Il y a, derrière ces tribunes, les regards de ceux qui ne sont pas là mais qui comptent sur nous. Quelle est notre légitimité à parler en leur place aujourd'hui sur des sujets aussi intimes ? Comment le politique doit-il guider sa décision ? Il me semble que la réponse qui consiste à s'inspirer de sa propre histoire est trop limitée, même si elle a l'avantage de donner accès, par la sensibilité, à des émotions qui génèrent ensuite une réflexion.
Le recueil de témoignages, nécessaire et indispensable, ne suffit pas non plus, car se posent des choix éthiques, et donc la nécessité d'affirmer des principes qui viennent englober mais aussi dépasser la somme de toutes les expériences empiriques.
Reste une méthode que nous pourrions qualifier de kantienne : nous cherchons ici à définir une règle morale, c'est-à-dire que nous nous demandons si ce que nous trouvons bon et juste dans tel ou tel cas serait extensible à l'humanité tout entière, et si le résultat en serait souhaitable.
Ce n'est pas une morale transcendante, éternelle, dictée par je ne sais quel dieu, c'est une morale immanente, humaine, mortelle, issue du temps présent et ayant volonté de répondre aux questions du temps présent.