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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 9 février 2011 à 15h00
Bioéthique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

Vous n'allez pas m'approuver sur toute la ligne, monsieur Vanneste, rassurez-vous !

Il faut laisser chacun vivre avec ses contradictions parce chacun d'entre nous est confronté au réel et à ce qui fait société dans notre pays.

Depuis 1994 et le brevetage systématique des savoirs et du vivant, les recherches les plus fondamentales sont évaluées, pour les groupes pharmaceutiques, en fonction de leur rentabilité et non plus en fonction de leur intérêt pour la communauté des hommes.

Rappelez-vous ce laboratoire de Romainville, en Seine-Saint-Denis, qui différa la mise sur le marché de la pilule du lendemain, parce qu'il considérait qu'il y avait encore à essorer des possibilités de profit grâce à la génération d'avant. Les grands groupes pharmaceutiques n'ont que faire d'éthique et de morale. On peut leur faire confiance pour ce qui est de savoir compter, mais dès lors qu'il faut faire preuve d'éthique et de morale, on a vu récemment ce que cela donnait chez Servier, avec le Mediator dont a abondamment parlé notre collègue Maxime Gremetz.

Ce sont des réalités dont il faut tenir compte. Le pouvoir des firmes pharmaceutiques et biomédicales privées à orienter la recherche dépasse désormais largement celui des États – 29,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires pour Sanofi-Aventis en 2009, contre 15 milliards d'euros de budget pour la recherche civile et militaire en France. Les logiques de rentabilité financière appliquées à la recherche limitent la capacité collective de nos sociétés à produire des connaissances libres, dénuées de la connexion avec la rentabilité financière, à élaborer une expertise indépendante et à développer des innovations d'intérêt général.

Notre devoir, c'est d'être à la hauteur de la tâche qui nous a été confiée. À nous de réaffirmer nos exigences éthiques qui répondent à des normes d'universalité et d'encadrer la recherche afin qu'elle oeuvre au progrès, ce « pas collectif du genre humain » comme l'écrivait Victor Hugo.

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