Monsieur le Premier ministre, lors de sa campagne présidentielle de 2007, le candidat Sarkozy avait déclaré vouloir une démocratie irréprochable, un État impartial. Il ajoutait : « Si l'État veut être respecté, il doit être respectable. Je ne transigerai pas. »
La commission Sauvé, mise en place à l'occasion de l'affaire Woerth-Bettencourt (Exclamations sur les bancs du groupe UMP), définit la notion de conflit d'intérêts comme une situation d'interférence entre une mission de service public et l'intérêt privé d'une personne qui concourt à l'exercice de cette mission.
Il avait pourtant fallu de longs mois au Président de la République pour admettre que la situation d'Éric Woerth, à la fois ministre du budget et trésorier de l'UMP, correspondait exactement à cette définition. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.) M. Woerth a d'ailleurs été écarté de ces deux fonctions.
Entre-temps, deux autres ministres avaient été éliminés, sans doute pour éloigner les regards. Cela n'a pas empêché le Président de la République, là encore récidiviste, de réunir, à nouveau, le mois dernier le Premier cercle des généreux donateurs de l'UMP dans un grand hôtel parisien. (Même mouvement.)
La ministre des affaires étrangères, quant à elle, alors que le mécontentement populaire en Tunisie avait largement entamé le processus qui allait conduire à la chute du régime Ben Ali, n'a rien trouvé de mieux que d'aller passer ses vacances dans ce pays (Exclamations sur les bancs du groupe UMP) et d'utiliser, par commodité, l'avion privé d'un homme d'affaires proche du pouvoir. Ses explications emberlificotées et contradictoires n'y changent rien. Elle a commis une faute et l'image de la France en pâtit. (Protestations sur les mêmes bancs.)