Les moins employables devront probablement renoncer à tout espoir de sortir un jour de la précarité. N'oubliez pas, monsieur le haut-commissaire, que c'est le Gouvernement auquel vous appartenez qui a inventé, il y a peu, le concept d'offre raisonnable d'emploi.
Contrairement à ce dont vous voulez nous convaincre et convaincre les Français, le RSA n'est pas une révolution sociale. Vous prétendez qu'il permettra de réduire la pauvreté, mais rien ne vient appuyer cette affirmation : à court comme à long terme, son effet sera malheureusement négligeable. Rien n'est prévu, en effet, pour les millions de bénéficiaires de minima sociaux qui ne sont et ne seront pas en situation de reprendre un emploi, à commencer par les personnes âgées pauvres et les chômeurs peu ou pas indemnisés.
Le RSA est aussi insuffisamment doté. Ces quelque 1,5 milliard d'euros permettront à peine aux bénéficiaires d'atteindre le seuil de pauvreté – tout en travaillant ! On verra peut-être la pauvreté diminuer dans les statistiques, mais pas dans les faits.
Le débat sur le financement du dispositif aura été éclairant ; il aura permis à nos concitoyens de prendre la mesure de la morgue avec laquelle le Gouvernement et sa majorité s'attachent à défendre les intérêts d'une caste de privilégiés.
Que nous en venions, en République, à considérer que les ménages les plus aisés constituent une classe de citoyens à part, qui n'a aucun devoir de solidarité nationale, tout en exigeant des plus pauvres qu'ils renoncent à leurs droits élémentaires et à voir un jour le bout du tunnel, voilà qui donne le sentiment d'une profonde perversion de l'action publique.
(M. Marc Le Fur remplace M. Marc Laffineur au fauteuil de la présidence.)